Si Valerie Plame sera une des animatrices du box-office de 2010, via le biopic/thriller politique Fair Game inspiré de ses mémoires et porté par Naomi Watts (et Sean Penn) sous la direction de Doug Liman, l'ex-agent de la CIA n'en a pas moins une existence bien concrète, comme on a pu le constater il y a quelques heures avec sa participation à la conférence de Global Zero, organisation constituée de personnalités politiques oeuvrant pour la non-prolifération des armes nucléaires, et dont l'élégante reine Noor de Jordanie est une figure de proue.
Valerie Plame a malgré elle été à l'origine d'un des plus gros scandales politiques de l'administration Bush, lorsque, en 2003, plusieurs médias ont grillé sa couverture. Cet élément du CIA était mariée à Joe Wilson, ancien ambassadeur dépêché au Niger par le gouvernement américain, ayant pour mission de prouver l'existence d'un trafic de matériau nucléaire avec l'Irak et ainsi mettre à jour la présence d'armes nucléaires en possession de ce pays. Mais ses investigations n'ont pas eu la finalité escomptée : Joe Wilson a au contraire prouvé qu'il n'existait aucune trace de telles activités, et, bien pire encore, prouvé que les documents sur lesquels l'administration Bush basait ses allégations et opérations étaient des faux. Ce qui devrait demeurer dans les manuels d'histoire comme le "scandale du Nigergate".
Cet épisode a eu maintes répercussions, à plusieurs degrés, et a notamment impacté l'univers des médias, lorsque la Cour Suprême américaine a obligé les journalistes incriminés à violer le secret professionnel en dévoilant leurs sources - mouillant le cabinet de Dick Cheney (son chef de cabinet, Lewis Libby, reconnu coupable de quatre des cinq chefs d'accusation retenus contre lui, fut condamné en 2007).
En 2007, Valerie Plame-Wilson sortait pour la première fois de son silence, pour dénoncer l'attitude des éminences étatsuniennes, qu'elle accusait d'avoir éventé sa couverture pour discréditer son époux. Cette même année, son mari et elle signaient un accord avec la Warner Bros. pour l'adaptation cinématographique de ses mémoires (Fair Game: My Life as a Spy, My Betrayal by the White House).
Forte de la notoriété acquise, Valerie Plame entend désormais l'exploiter à bon escient, et c'est ainsi qu'on la retrouvait ce 8 avril 2010 à Washington, au côté de la très engagée reine Noor de Jordanie, pour une conférence Global Zero axée en particulier sur... l'armement nucléaire. Il s'agissait d'étudier la ratification du traité de réduction des armes stratégiques (START : Strategic Arms Reduction Treaty), entériné ce jeudi à Prague, et de mettre la pression sur Barack Obama, via le dévoilement du film "Countdown to Zero" (nouvelle réalisation alarmante de Lawrence Bender, auquel on doit Une vérité qui dérange, sur le réchauffement climatique) auquel a participé Valerie Plame, pour l'inciter à une action d'urgence dans le cadre du Sommet sur la sécurité nucléaire qu'il organise la semaine prochaine.
G.J.