
Ce mardi 11 mars, l'Arcom a officiellement lancé l’appel à candidatures pour la présidence de France Télévisions. Cette procédure, partiellement confidentielle, marque le début d’une sélection décisive pour le paysage audiovisuel français. Les postulants ont jusqu’au 18 avril 2025 à 12 heures pour déposer leur dossier, qui devra inclure un projet stratégique de 30 pages maximum détaillant leur vision pour le groupe audiovisuel public. Après cette première phase, l’Arcom rendra publique, le 5 mai, la liste des candidats retenus. Ces derniers seront auditionnés à partir du 12 mai, avant qu’une nomination définitive ne soit annoncée au plus tard le 22 mai 2025, soit trois mois avant la fin du mandat de l’actuelle présidente, Delphine Ernotte Cunci. Cette sélection revêt une importance cruciale, comme l’a souligné Martin Ajdari, président de l’Arcom, dont les propos ont été rapportés par nos confrères d'Ecran Total et des Echos : "Il s'agit d’une nomination très importante pour le paysage audiovisuel français compte tenu du poids, du rôle de France Télévisions".
Afin d’assurer une équité dans la procédure, une nouveauté a été instaurée : les auditions ne seront pas disponibles immédiatement en ligne. Elles seront publiées avec un différé de quelques jours, tout comme les textes des projets stratégiques des candidats. Cette élection intervient dans un climat d’incertitude politique et budgétaire. En effet, la ministre de la Culture, Rachida Dati, pousse actuellement pour faire adopter le 7 avril prochain un projet de loi visant à regrouper France Télévisions et Radio France sous une même holding. Laurence Bloch, ancienne directrice des antennes de Radio France, a d’ailleurs été missionnée par la ministre pour étudier la faisabilité de cette réforme. La création d’une holding publique prévue potentiellement pour 2026 pourrait écourter le mandat du futur président ou de la future présidente de France Télévisions. Martin Ajdari a d'ailleurs précisé à ce sujet à nos confrères : "Un candidat qui se présente pourra s'interroger sur la durée dans laquelle son mandat se déroule, nous ne pouvons pas apporter de garanties aux candidats".

Malgré ces incertitudes, l’Arcom a choisi de ne pas différer la procédure. "Un projet de réforme ne nous conduit pas à pouvoir différer ou suspendre le cours des choses", a affirmé Martin Ajdari, en précisant que rien n’empêche le futur président de France Télévisions de se porter candidat à la tête de la future holding si elle venait à voir le jour. Concernant le successeur de Delphine Ernotte, très peu de noms circulent officiellement. Le premier à s’être déclaré candidat est le syndicaliste Serge Cimino. La productrice et ex-députée Frédérique Dumas a également été mentionnée par La Lettre. Quant à Delphine Ernotte Cunci, interrogée sur France Culture, elle n’a pas encore annoncé sa décision.
Si elle venait à briguer un nouveau mandat, elle ne bénéficierait d’aucun "avantage compétitif", a assuré Martin Ajdari, en garantissant qu’aucun "a priori favorable ou défavorable" ne pèsera sur les candidats. La décision finale sera prise à la majorité des membres du collège de l’Arcom, à bulletins secrets, et la nomination sera motivée et rendue publique. Les candidats devront articuler leur projet autour de trois axes majeurs. Le premier ? L’exigence de singularité et d’impartialité du service public, à savoir garantir une ligne éditoriale distinctive et indépendante. Ensuite, il faudra être en mesure de proposer un projet qui assurera la soutenabilité financière et donc la viabilité économique de France Télévisions dans un contexte de coupes budgétaires. Enfin, le dernier point important concerne l’amélioration des coopérations avec les autres sociétés de l’audiovisuel public et le candidat devra montrer comment il compte renforcer les synergies au sein du service public. Affaire à suivre.