C'est un comble : même lorsqu'il n'est pas question d'elle, Lady Di surgit, en cette année qui marque les vingt ans de sa disparition, le 31 août 1997 dans un accident de voiture à Paris. Tandis que les documentaires ont fleuri et jouent des coudes en matière de révélations, et que de vieux secrets font surface comme par miracle avec un sens du timing très opportun, même les programmes qui n'ont a priori rien à voir ne semblent pouvoir se passer de convoquer la mémoire de la princesse des coeurs.
C'est le cas d'une émission spéciale portant sur les troubles alimentaires, que doit diffuser le 24 août la chaîne anglaise Channel 4. Diana souffrait notoirement de boulimie, entre autres troubles mentaux avérés, et le prince William a accepté, dans le cadre du combat qu'il mène avec Kate et Harry en faveur de la santé mentale, d'évoquer le sujet dans ce programme intitulé Wasting Away: The Truth About Anorexia (Maigrir à vue d'oeil : la vérité sur l'anorexie).
Il y a quelques mois, les deux fils de la princesse Diana avaient fait sensation, déjà dans le but d'attirer l'attention sur cette cause, en faisant paraître la vidéo d'une conversation intime dans laquelle ils abordaient pour la première fois la disparition de leur mère, ses conséquences, leurs regrets... Cette fois, le prince William fait face à un ancien présentateur de journal télévisé, Mark Austin, et sa fille Maddy, qui est parvenue à vaincre l'anorexie qu'on avait diagnostiquée chez elle en décembre 2012. Le duc de Cambridge a accueilli père et fille chez lui au palais de Kensington, en présence des caméras de Channel 4, pour continuer à banaliser les débats sur la santé mentale : "Le fait que vous vous exprimiez est incroyablement courageux, leur a-t-il dit, mais cela devrait devenir tout à fait normal."
"Ce que votre maman a fait m'a beaucoup inspirée", lui a avoué Maddy. "Il faut être pragmatique avec ce problème et ne pas le cacher dans la pénombre, où il s'aggrave", rebondit William. Et de confier, lorsque Mark le lui demande, qu'il est "absolument" fier que sa mère Diana ait osé partager son problème de boulimie avec le public : "Ces choses, dit encore le duc, sont des maladies et doivent être traitées. La santé mentale doit être prise au sérieux autant que la santé physique. J'espère que George et Charlotte pourront grandir dans un monde où la santé mentale est un sujet normal et où nous pouvons tous en parler ouvertement et honnêtement. Nous pouvons en parler, ce n'est pas une faiblesse ni quelque chose dont nous devons avoir honte."
Les problèmes de boulimie de Lady Di avaient été révélées dans la biographie essentielle d'Andrew Morton, Diana: Her True Story (1992), et elle en avait parlé ultérieurement sur le plateau de Panorama, lors de sa fameuse interview avec Martin Bashir en 1995. "Oui, j'ai souffert de boulimie durant un certain nombre d'années. Et c'est comme une maladie secrète, avait-elle déclaré, reliant ce trouble irrépressible, "un mécanisme d'échappatoire", à la situation catastrophique de son mariage avec le prince Charles et la pression pour sauver les apparences aux yeux de l'opinion. Vous vous infligez cela à vous-même parce que votre estime est en berne et que vous pensez que vous ne valez pas grand-chose. Vous remplissez votre estomac quatre à cinq fois par jour – chez certains, c'est plus – et cela vous apporte une sensation de confort. C'est comme avoir une paire de bras qui vous entourent, mais ce n'est que temporaire. Et alors, vous êtes écoeuré par votre estomac qui est surchargé et vous vomissez tout. C'est un schéma répétitif qui est très autodestructeur. (...) J'appelais à l'aide, mais en envoyant les mauvais signaux, et les gens se servaient de ma boulimie comme d'un manteau sur un cintre : ils ont décidé que c'était cela le problème, Diana était instable."
Martin Bashir lui avait alors demandé si elle avait cherché de l'aide au sein de la famille royale. "Non, avait répondu Diana. vous devez savoir que lorsque vous souffrez de boulimie, vous avez très honte de vous-même, vous vous haïssez. (...) Et le truc, avec la boulimie, c'est que votre poids reste le même, tandis qu'avec l'anorexie vous maigrissez à vue d'oeil. Alors vous pouvez faire semblant tout du long. Il n'y a pas de preuve."
Lady Di bénéficiait supposément de la complicité de Paul Burrell pour assouvir sa boulimie. C'est du moins ce que cet ancien majordome de la princesse, qui a la langue bien pendue depuis sa disparition, au grand dam de William et Harry qui ont peu goûté la parution de ses mémoires, affirme dans une nouvelle interview qu'il a accordée, moyennant une rétribution de 10 000 livres. "Je savais que la princesse Diana souffrait d'un trouble alimentaire, c'était tout à fait notoire. Et je l'aidais. Je demandais au chef de préparer un bidon de crème anglaise et j'achetais des yaourts et des quantités de bananes", disait-il vendredi 18 août 2017 dans Good Morning Britain. Pourquoi, dès lors, n'a-t-il pas tenté d'aider la princesse ? Ses interlocuteurs n'ont pas manqué de lui poser la question : "Je n'étais pas capable d'affronter ce qui se passait. Je ne pouvais pas lui dire quoi faire. Je pouvais seulement être là, passer mon bras autour d'elle", ose-t-il répondre.
Paul Burrell, qui fut au service de Diana de 1987 à sa mort, avait fait parler de lui en début d'année, révélant que la princesse avait connaissance de son homosexualité bien avant son coming out.