A mesure que la date fatidique approche, les témoignages continuent de s'amonceler à l'occasion du vingtième anniversaire de la disparition de Lady Diana, qui a trouvé la mort le 31 août 1997 à 36 ans dans un accident de la route à Paris. Les marques d'affection et d'affliction devraient, plus que les autres années, fleurir au pont de l'Alma, sur les lieux du drame, où périrent également Dodi Fayed, dernier compagnon de la princesse des coeurs, et Henri Paul, le chauffeur de 41 ans qui conduisait à une vitesse élevée la Mercedes S280 suivie de loin par des paparazzi.
Alors qu'Henri Paul avait régulièrement été au service de la famille Fayed au fil des ans, Colin Tebbutt était, outre-Manche, le chauffeur habituel de Diana à la fin de sa vie. Et contre toute attente, ce proche resté très réservé depuis l'accident fatal a accepté dernièrement l'invitation de l'émission Good Morning Britain. Accordant là sa première interview télévisée depuis la tragédie du 31 août 1997, Colin Tebbutt a eu bien du mal à contenir son émotion et à réprimer ses larmes : "Oui, on se sent toujours responsable", a-t-il avoué aux animateurs Kate Garraway et Ben Shephard en repensant à cette nuit-là.
Les cils et les cheveux de la princesse Diana bougeaient
S'il ne s'est guère apesanti sur les circonstances et les causes de l'accident, pointant la "vitesse excessive" ainsi que "l'enquête l'a déterminé", Colin Tebbutt s'est en revanche replongé dans les souvenirs douloureux des moments auprès du corps de la princesse cette nuit-là. Avec le majordome Paul Burrell, il avait été l'un des premiers sur place pour aider, à l'hôpital où se trouvait la dépouille : "Il y avait beaucoup de monde, s'est-il remémoré. C'était très difficile et émouvant de voir quelqu'un ainsi allongé sur un lit, pas dans une morgue. Je pouvais voir des gens sur le toit. Ça me préoccupait, parce qu'il n'y avait pas de rideaux, alors j'ai mis des couvertures le long des fenêtres, ce qui a fait grimper la température de la pièce. Je suis allé chercher des ventilateurs pour rafraîchir un peu la pièce. C'est LE moment de ma vie où mon professionnalisme m'a un peu fait défaut, parce que lorsque je me suis retourné, les cils et les cheveux de la princesse bougeaient, à cause du ventilateur. Ça s'est gravé en moi. Il a fallu que je me détourne, que je réfléchisse et que je me remette à faire ce que je faisais."
Elle avait ce regard qui disait...
En 2007, dans le cadre de l'enquête sur la mort de Diana, l'ex-chauffeur avait déjà évoqué ces souvenirs pénibles : "C'est un moment très émouvant, quand vous entrez et que vous voyez votre patronne gisant comme c'était le cas. Elle avait l'air vieille, sa bouche était affaissée, il n'y avait pas beaucoup de dégâts au niveau de son visage mais elle avait ce regard qui disait "Je ne veux pas être ici" (...) Pour moi, il fallait qu'elle ressemble à la belle femme qu'elle était réellement. C'était tout ce qui m'importait, voilà tout", avait-il dit.
Colin Tebbutt, qui avait demandé expressément aux professionnels français de "faire tout leur possible" pour rendre le corps de Diana présentable avant l'arrivée du prince Charles et d'autres membres de la famille royale et s'inquiétait des effets de la chaleur, s'est également confié sur la personnalité de celle qu'il servit pendant deux ans. D'une manière qui contraste avec nombre de portraits dépeignant une Diana très accessible, lui estime qu'il existait bien une "ligne à ne pas franchir" tracée par son statut royal, même après son divorce : "Vous lui parlez si elle vous parle, ce qui était correct. Elle était encore complètement une figure royale", dit-il, soulignant toutefois au passage son "incroyable sens de l'humour", un trait de caractère notoire chez elle.