"Où étiez-vous quand elle avait besoin de vous ?" Les récentes déclarations de Charles Spencer, frère de Lady Diana, dans le cadre d'un des nombreux programmes télévisés réalisés à l'occasion du 20e anniversaire de sa mort le 31 août 2017, ont eu le don de faire sortir de ses gonds Darren McGrady. Le "royal chef", qui cuisina pendant onze années pour la reine Elizabeth II, puis quatre années (1993-1997) pour la princesse de Galles et les princes William et Harry, n'a semble-t-il pas du tout la même vision de l'histoire...
Comme nombre de personnalités figurant dans l'entourage de Diana, Charles Spencer a tout naturellement été sollicité pour contribuer à diverses émissions lui rendant hommage. Érigé en garant de sa mémoire et en gardien du temple, le 9e comte Spencer, qui dirige le domaine familial d'Althorp dans le Northamptonshire où se trouve la sépulture de la princesse des coeurs, s'est fait fort de répondre à certaines d'entre elles, faisant au passage quelques révélations fortes. Interviewé en juillet dans Today sur BBC Radio 4, il déclarait par exemple que William et Harry ne voulaient pas marcher derrière le cercueil de leur mère lors de ses funérailles publiques : "On m'a menti et on m'a dit qu'ils voulaient le faire, alors que bien sûr ils ne voulaient pas, mais je n'avais pas réalisé. C'était le pire moment de la journée, et de très loin... Marcher derrière la dépouille de ma soeur avec deux garçons qui étaient évidemment en plein dans le deuil extrêmement douloureux de leur mère. (...) C'était véritablement éprouvant et j'en fais encore des cauchemars aujourd'hui", relatait-il.
Charles Spencer a également accordé un entretien chez lui, à Althorp, pour le documentaire The Story of Diana commandé par la chaîne américaine ABC et coproduit par le magazine People. Dans un extrait dévoilé avant la diffusion, l'homme de 53 ans, qui justifie son intervention par le désir de donner à Diana "la place qu'elle mérite dans l'Histoire" et aux yeux des jeunes générations, revient notamment sur ses sentiments dans les jours qui ont suivi l'accident fatal de sa soeur, survenu le 31 août 1997 sous le pont de l'Alma à Paris. "J'étais furieux, pas seulement en colère. Je me disais : 'Qu'aurais-je pu faire ?' Mais on se dit toujours : 'Mon Dieu, si seulement j'avais pu la protéger.' C'était tout simplement... c'était dévastateur. Je me suis toujours senti intensément protecteur envers elle", dit-il.
Le petit frère essaie de réécrire l'histoire
Ce n'est pourtant pas vraiment l'avis de certaines personnes qui ont bien connu la princesse Diana... À la lecture de ces propos, abondamment relayés, le sang du chef Darren McGrady n'a fait qu'un tour et celui-ci a manifesté sa colère via Twitter, où il a pris l'habitude de repérer et fustiger toutes les fausses informations circulant sur les personnalités royales qu'il a bien connues au cours de sa carrière. "Ça me donne envie de vomir ! Où étiez-vous quand elle avait besoin de vous ?", s'est-il insurgé dans un premier message pointant vers un article reprenant les déclarations de Charles Spencer. Et de poursuivre, avec tout autant de colère : "NON ! Je ne vais pas rester assis les bras croisés pendant que le petit frère essaie de réécrire l'histoire. Vous N'ETIEZ PAS LÀ POUR ELLE."
Dans sa semonce adressée au comte Spencer, il a d'ailleurs reçu le concours d'un autre ex-membre du personnel royal : "Quelle hypocrisie de la part de Charles Spencer. Il oublie que certains d'entre nous étions présents lorsqu'il a tourné le dos à Diana", a dénoncé Dickie Arbiter, l'ancien chargé des relations presse de la reine. Un commentaire qui fait référence à un épisode très précis : en 1996, Lady Di, qui ne disposait plus que de son appartement au palais de Kensington depuis son divorce, avait demandé à son frère de lui octroyer une résidence sur le domaine familial d'Althorp, Garden House, dont elle pourrait se servir comme d'un refuge à l'écart de la frénésie des médias. Et le maître des lieux avait refusé, via un courrier divulgué des années plus tard par Paul Burrell, l'ancien majordome de Diana : "Je suis désolé, lui écrivait-il, mais j'ai décidé qu'emménager à Garden House n'est pas possible actuellement. Il y a maintes raisons, la plupart impliquant les interférences de la police et de la presse qui s'ensuivraient immanquablement. Je sais que tu va être déçue, mais je sais que je fais ce qui est juste pour ma femme et mes enfants. Je suis seulement désolé de ne pas pouvoir aider ma soeur !"
Le tragique, c'est qu'elle a maintenant son pied-à-terre à Althorp...
Dans la même lettre, Charles Spencer avouait à sa soeur ses craintes pour sa santé et lui disait "prier pour qu'elle reçoive le traitement approprié pour ses problèmes mentaux". "Après des années de négligence des deux côtés, écrivait-il encore, notre relation est la plus pauvre de celles que j'ai avec mes soeurs. J'ai depuis longtemps accepté que je n'étais qu'une partie périphérique de ta vie et cela ne me cause plus de chagrin. Je serai toujours là pour toi, comme un frère aimant – quoiqu'un frère qui, après quinze ans d'absence, a plutôt perdu le contact." Il suggérait par ailleurs à Lady Di, plutôt que de s'accrocher à Althorp, de louer une ferme dans le Warwickshire ou le Norfolk.
"Cela n'aurait fait aucune différence pour lui si elle avait eu un logement sur le domaine d'Althorp, reproche encore Dickie Arbiter. Elle ne voulait pas vivre à Althorp, elle voulait simplement un pied-à-terre où se réfugier. Il le lui a refusé et lui a offert quelque chose qu'elle n'a pas trouvé convenable. Il essaie de réécrire l'histoire. Le tragique, c'est qu'elle a maintenant ce havre de paix là-bas : sur une île, où elle est enterrée."
Vingt ans après la mort de la princesse Diana, les rancoeurs, à tous les niveaux, sont bien loin d'être apaisées...
GJ