La présentation de son film The House That Jack Built restera comme l'un des grands moments de ce Festival de Cannes 2018. Pour son grand retour après sept d'absence à Cannes et la levée de son statut de persona non grata au festival – depuis ses propos condamnés sur Hitler –, Lars von Trier a présenté son dernier long métrage et littéralement choqué une grande partie du public. Une centaine de personnes ont quitté la projection officielle, des sifflets ont été entendus à la fin du film et, sur les réseaux sociaux, beaucoup évoquent un film trash, pervers, dur voire carrément "vomitif".
J'aurais fait un grand serial killer
Face à la presse, le turbulent réalisateur danois s'est félicité d'avoir suscité autant de réactions enflammées. Sans fard, il avoue qu'il aurait été "déçu" si personne n'avait quitté la salle. "J'ai entendu qu'il y en a eu environ 100. J'ai dit : 'la prochaine fois, ce sera 200 !'", a-t-il lancé selon Allociné. Et très loquace, il n'a pas manqué de sortir quelques punchlines dérangeantes. "J'aurais fait un grand serial killer", dit-il par exemple, en écho au personnage principal incarné par Matt Dillon. "J'essaie toujours d'aller loin. Ce serait malhonnête de ne pas le faire. Les choses qui arrivent dans la vraie vie, qui est pire, devraient et pourraient être filmées", justifie-t-il en prenant le parti de ne rien censurer. Y compris de tuer des enfants ou de montrer une femme se faire découper la poitrine. Mais Lars von Trier n'était pas assez fou pour devenir lui-même un tueur en série. "J'avais assez de contrôle sur moi pour ne pas prendre cette direction, poursuit-il d'après Le Figaro. Je n'ai jamais tué personne, mais si je devais le faire, ce serait un journaliste." L'art de provoquer.
Je ne ferai plus de film sans Hitler désormais. Hitler sera toujours là d'une façon ou d'une autre
Mais le Danois ne s'est pas arrêté en si bon chemin. À propos d'Hitler et de la polémique qui avait suscité un scandale sans précédent à Cannes, il se montre cash. "Je ne ferai plus de film sans Hitler désormais. Hitler sera toujours là d'une façon ou d'autre autre", confie-t-il. Se disant "très blessé" par la sanction de persona non grata, arguant qu'Harvey Weinstein n'avait même pas subi un traitement équivalent. Il fait toutefois un petit mea culpa. "J'admets que c'était maladroit, et en particulier parce que la France a un problème avec la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement de Vichy et la question des Juifs. Je m'en serais probablement mieux sorti en Allemagne", a-t-il ainsi déclaré.
Si Björk pense qu'une étreinte est du harcèlement, alors je pense que je n'arriverais pas à réaliser sans toucher mes acteurs
S'exprimant sur le mouvement #MeToo, Lars von Trier reconnaît "une idée brillante" si elle est utilisée correctement. Évoquant les accusations de harcèlement et d'attouchements de Bjork sur le tournage de Dancer in the Dark, Lars von Trier nie à sa manière. "90% des journalistes à qui j'ai parlé croient que j'ai harcelé Björk, mais c'est ridicule car j'ai nié, mais personne ne l'a écrit. Car une bonne histoire, c'est d'écrire que je l'ai harcelé. Et ce n'est pas le cas. Je l'ai touchée, c'est vrai. Je l'ai fait avec toutes mes actrices. Parce qu'elle faisait un travail vraiment intense : crier, être malade... Donc évidemment que je l'ai étreinte. Mais si elle pense qu'une étreinte est du harcèlement, alors je pense que je n'arriverais pas à réaliser sans toucher mes acteurs. Je ne la touche pas aux mauvais endroits, je pense", a-t-il assuré.