Plutôt du genre à cultiver la discrétion, Laurent Lafitte ? Affirmatif. L'acteur bientôt à l'affiche de la mini-série sur Bernard Tapie, disponible à partir du 13 septembre sur Netflix, se confie à nos confrères du Parisien sur ce projet qui lui tenait à coeur mais pas que ! Le pensionnaire de la Comédie-Française s'explique également sur sa volonté de cultiver le flou sur sa vie privée et de rester distant des réseaux sociaux. Ses points communs avec Bernard Tapie ? Très peu, selon Laurent. "Je ne pense pas qu'on en ait tant que ça. Mais c'était quelqu'un de volontaire, d'obstiné, de déterminé. Et je le suis aussi", assure-t-il. Et si on sait presque tout de Tapie, Lafitte, lui, préfère garder certains détails... sous le tapis.
"Dans la vie, je parle et je me confie facilement, même à des gens que je ne connais pas. Je ne me cache pas. Je ne suis pas secret. Je n'ai pas de double vie. Et si c'était le cas, je ne vous le dirais pas (rires). Mais, en tant qu'acteur, oui, je cultive la discrétion, par pragmatisme", détaille-t-il. Il justifie ce choix par le fait que quand il est spectateur et qu'il en sait trop sur les acteurs et actrices qu'il aime, "ça casse l'imaginaire." Et de préciser : "J'ai grandi avec un cinéma dont on savait peu de choses, ni sur la façon dont il était fabriqué, ni sur les gens qui l'élaboraient, et ça me faisait beaucoup rêver. J'ai envie de la même chose. Je trouve plus important de mettre mon travail et mes choix en avant, plutôt que ma personne." Quant à son absence sur les réseaux, elle est aussi volontaire même si l'acteur se remet en question. Il avoue que "parfois", il se dit qu'il devrait y être "car il peut être reproché à un acteur de ne pas se plier à ce jeu-là, et de ne pas être assez proche du public." Puis de se raviser : "Tant pis, je préfère paraître distant, plutôt que risquer de brouiller mon travail. Et ce d'autant plus que, comme dans la vie, j'ai une parole plutôt libre, j'aurais peur d'écrire un truc que je regretterais. Il vaut mieux que je n'aie pas cette mini-bombe dans ma poche !."
À 50 ans, celui qui a "grandi dans une famille traditionnelle de droite, pas facho ni réac, mais un peu passéiste", revient donc avec cette mini-série Netflix dont l'idée est venue après une plaisanterie. "En 2010, pour 16 ans ou presque, le premier film de Tristan Séguéla (fils de Jacques Séguéla, ami de Bernard Tapie), je portais une perruque qui me faisait ressembler un peu à Tapie. Avec Tristan, sur le tournage, on en plaisante. Et je lui dis que ça fait un moment que je pense qu'il y a un projet à imaginer", explique Laurent Lafitte, toujours à nos confrères du Parisien. Le pitch de Tapie : "Au milieu des années 1960, Bernard Tapie se lance dans les affaires. Cet homme ambitieux va développer de nombreux projets et entreprises, se lancer dans la chanson ainsi que dans le sport. S'il connait de nombreux succès, il va également essuyer de lourds échecs."
La famille de l'homme d'affaires décédé en 2021 a fait savoir qu'elle était contre ce projet. Laurent Lafitte insiste : "Tant qu'on n'est pas diffamant, on a le droit, en France, de raconter la vie d'un personnage public. La question de l'approbation ne se pose pas. Tristan Séguéla a tenu à aller voir Tapie au début du projet, non pas pour lui demander son autorisation mais, par délicatesse, pour le prévenir, afin qu'il ne l'apprenne pas dans la presse." Le comédien comprend cela dit qu'il y ait "une certaine appréhension quant au respect de la mémoire". Et de conclure : "Si quelqu'un venait à s'emparer de ma vie pour la raconter, déjà, ça serait très chiant (rires), et je trouverais probablement cela désagréable, car il y a forcément de la subjectivité."