Le 27 avril nous écrivions : Parmi la quantité de blockbusters prévus pendant le CinemaCon de Las Vegas, la présentation d'une dizaine de minutes du Hobbit : Un voyage inattendu de Peter Jacksonétait véritablement attendue au tournant.
Presque une décennie après le succès monumental des trois épisodes du Seigneur des Anneaux, récompensés par 11 Oscars, le cinéaste néo-zélandais est de retour dans la Terre du milieu pour raconter les prémices de l'aventure et de Bilbo, lancé à la recherche d'un trésor volé aux ancêtres des nains. Une épopée divisée en deux films, qui relancera la machine Tolkien dans les salles en Noël 2012.
Départ raté
Attendu comme le messie par les rêveurs de la Comté, le premier volet de Bilbo a pourtant été reçu sans enthousiasme au CinemaCon. La raison : la volonté de Peter Jackson de diffuser le film en 48 images par seconde, contre les 24 traditionnelles. Une avancée technologique soutenue par James Cameron, censée rendre le spectacle beaucoup plus fluide et la 3D, plus naturelle.
Le résultat est visiblement étonnant puisque les heureux élus présents dans la salle se sont accordés à dire que les premières images étaient plus que déconcertantes. Trop net, trop vif, trop proche de la réalité, le rendu donnerait à la superproduction des allures de série télévisée ou de théâtre filmé. Une critique nuancée par le site non officiel de Tolkien : "Je me demande ce que Twitter aurait dit de l'arrivée du parlant."
Révolution en marche
Car derrière cette présentation précoce - les effets spéciaux n'étaient pas finalisés - se cache une véritable révolution du réseau de distribution. Le passage de 24 à 48 images par seconde nécessite en effet un nouvel aménagement du matériel de projection, et donc un investissement vu d'un mauvais oeil par les exploitants.
Cet épisode houleux marque une nouvelle étape du parcours chaotique du Hobbit. En 2005, le studio New Line déclarait ne plus vouloir travailler avec Peter Jackson, blacklisté après avoir intenté un procès pour récupérer une part des recettes du premier épisode du Seigneur des Anneaux (2001). En 2007, poussés par l'enthousiasme du public, le studio et le réalisateur décidaient d'enterrer la hâche de guerre. Peter Jackson acceptait de produire le film, avec Guillermo Del Toro derrière la caméra. Mais après les nombreux problèmes financiers rencontrés, il quittait à son tour le projet en 2010, laissant la place à Peter Jackson.
Le mauvais buzz autour du Hobbit ne devrait cependant pas poser de véritable problème. En plus de toucher une certaine élite, ces échos de la presse américaine ne pèsent pas lourd face à l'attente du public. En outre, les prochains mois laisseront l'occasion à Peter Jackson et au studio de rectifier le tir, au besoin. Et de préparer au mieux le futur de la machine à blockbusters.
Le Hobbit : Un voyage inattendu, en salles le 12 décembre
Geoffrey Crété