Les stigmates des effroyables émeutes qui ont mis l'Angleterre à feu et à sang début août ne sont pas près de s'estomper en quelques jours seulement, et c'est pourquoi le prince Charles a mis sa famille en ordre de bataille pour tenter de penser les plaies les plus à vif.
Car le bilan des débordements qui, à la suite de la marche silencieuse du 6 août et jusqu'au 10 août, ont ravagé tout le pays suite à la mort du dénommé Mark Duggan, abattu par la police métropolitaine le 4 août, est consternant : 5 morts, de nombreux blessés, plus de 3 000 arrestations et plus de 1 000 inculpations (les tribunaux accumulent les heures supp' !), plus de 200 millions de livres (230 millions d'euros) de dégâts matériels lors des actes de vandalisme et de pillage des casseurs, un débat social délétère et un chaos politique pénible à gérer pour le Premier ministre David Cameron, rentré en urgence de ses vacances italiennes...
Si la couronne peut se sentir soulagé de ne pas tenir les rênes de la mission politique, elle ne compte pas pour autant rester spectatrice alors que les sujets britanniques sont meurtris, qui dans son quotidien, qui dans ses convictions.
Le prince Charles n'a donc pas hésité à se rendre sur le terrain et à prendre des initiatives. Accompagné par son épouse Camilla Parker Bowles, le prince de Galles s'est notamment déplacé à Croydon, dans le Surrey, mercredi 17 août. Une ville qui a connu la mort d'un jeune homme de 26 ans, Trevor Ellis, dans une fusillade, et a souffert de lourds dommages. Le même jour, le couple s'est également rendu à Tottenham, foyer des émeutes à la suite de la marche pacifique destinée à demander des comptes à la police...
La venue du prince et de la duchesse, qui ont interrompu leurs vacances en Ecosse, a été d'un réel réconfort pour les populations : poignées de main, sourires, paroles galvanisantes, bises et même... hugs (câlins), le prince Charles a tout fait pour montrer aux sujets de Sa Majesté combien la Couronne se voulaient solidaires avec eux. Exhortant précisément les gens à se raccrocher au tissu social, à la solidarité, il a également fait sensation en tenant un discours extrêmement tolérant, estimant à propos des jeunes qui avaient rejoint groupes et gangs de casseurs qu'il s'agissait d'un appel au secours et d'un défaut de sentiment d'appartenance. Un SOS au sujet duquel le prince, qui vient en aide aux jeunes en difficulté via sa fondation The Prince's Trust, incrimine notamment le système éducatif : "Il n'y a pas suffisamment d'activités extra-scolaires, que ce soient des jeux ou d'autres activités pour les divertir. Il y a tellement d'énergie et d'agressivité à cet âge-là. Les jeunes ont besoin de confiance en eux, il faut les motiver, les encourager, les responsabiliser. Il faudrait qu'on ait un service communautaire national qui leur offre des opportunités de toutes sortes. Tout ce que nous faisons jusqu'à maintenant, c'est traiter les symptomes, sans offrir de possibilités."
Le prince Charles, qui commence à s'y connaître en émeutes (sa femme et lui avaient été pris à parti en décembre dernier à Londres !) a annoncé que sa fondation injecterait 2,5 millions de livres (près de 3 millions d'euros) dans les lieux les plus sévèrement touchés par les émeutes.
De son côté, le fils cadet du prince Charles et de feu Lady Di, le prince Harry, est allé rencontrer des pompiers et des ambulanciers de la région de Manchester.