Le prince William s'est envolé vers l'Atlantique Sud, où il doit être déployé dans les Malouines, pour les six prochaines semaines, rattaché à la base de Mount Pleasant, en sa qualité de pilote d'hélicoptère de sauvetage au sein de la RAF, basé à Anglesey. Une mission officielle qui débute dans un climat tendu. La médiatisation autour du futur monarque anglais ravive en effet la blessure encore à vif de la guerre des Malouines, qui avait fait en 1982 600 morts dans l'armée argentine, 200 côté Britanniques, et génère de nouvelles tensions entre l'Argentine, qui voit le fils du prince Charles arriver en "conquistador", et l'Angleterre, pas sortie indemne de la préservation de sa souveraineté face à la junte militaire de l'époque dans cet archipel au large des côtes sud-américaines. Les cinéphiles se souviennent que ces sombres souvenirs rejaillissaient puissamment en 2006 dans le superbe film This is England, de Shane Meadows, qui incluait images télévisées et discours thatchériens de l'époque.
Ce qui ne constitue rien de plus que la routine côté anglais, où l'on déploie régulièrement des équipages des escadrons 22 (celui du prince William) et 202 avec le vol de support tactique 1564 de Mount Pleasant reformé en décembre 2007 (deux hélicoptères Westland Sea King HAR3), est perçu comme une énorme provocation de la part des autorités argentines. Choquées par cet acte de provocation, elles n'ont pas manqué de la faire savoir de virulente manière.
La guerre des mots fait rage, et le ministre argentin des Affaires étrangères, accusant les autorités britanniques de chercher à détourner l'attention de leurs citoyens des mesures d'austérité actuelles, a fustigé la manière dont "la Grande-Bretagne ignore les résolutions des Narions unies, anéantissant les efforts diplomatiques et accroissant le risque de nouvelles guerres". Dans l'affaire, le prince William passe pour un homme "en uniforme de conquistador, et non pour un sage homme d'Etat oeuvrant pour la paix et le dialogue des nations". Au sommet, le dialogue est effectivement édifiant : David Cameron a mis en avant la volonté du royaume de donner aux habitants des Malouines, descendants de Britanniques, le libre arbitre de décider de leur appartenance et a taxé l'Argentine de colonialisme, ce qui a suscité une réponse tranchante de la présidente Cristina Kirchner, qui a déploré chez son interlocuteur une "médiocrité confinant à la stupidité".
Ambiance, ambiance... Voilà qui ne devrait pas particulièrement rassurer Kate Middleton, laquelle s'apprête, en l'absence de son prince, à accomplir ses premières missions officielles en solo - elle visitera publiquement au cours du mois ses quatre patronages, notamment l'association Action for Addiction le jour de la Saint-Valentin.