Les Bleus bradés et ridiculisés, tandis que Domenech se moque des députés !

Joseph Blatter, président de la FIFA, a prévenu la France : l'immixtion du politique dans le sportif, autrement dit l'ingérence de l'Etat dans les affaires exclusives de la Fédération Française de Football, ne sera pas tolérée. Autant dire que l'enquête diligentée par le gouvernement sur le fiasco tricolore à la Coupe du monde, dont on peut à raison douter de l'éventuelle réussite, n'est pas vue d'un très bon oeil... Sauf que si Joseph Blatter accuse le coup de la mauvaise publicité faite au football par l'esclandre de l'équipe de France, le gouvernement et les citoyens, eux, déplorent l'opprobre désormais attaché à un maillot qui a perdu tout honneur en quelques jours...

A tel point que l'une des premières conséquences est économique : parmi les meilleurs ventes au rayon textile avant la compétition et à ses prémices, le maillot bleu pèse à présent sur les stocks des distributeurs, qui ne parviennent pas à les écouler - même en solde.

Une catastrophe marchande...

Le témoignage, recueilli par l'AFP, de certains commerçants d'enseignes à forte visibilité est éloquent : "Lorsque les gens passent devant les maillots de l'équipe de France, il y a des moqueries, j'ai entendu quelqu'un dire "Donnez-les nous gratos !", raconte une vendeuse du magasin de mode sportive Citadium, à Paris, qui solde à -40%, les maillots des nations éliminées, dont celui de la France (75 euros avant remise)." Chez Intersport à Lyon, aucun maillot des Bleus n'avait été vendu mercredi matin, "malgré une promotion de 40% et un placement du produit dans l'entrée du magasin". Les maillots des nations encore en lice dans la compétition, a contrario, se vendent très bien... sans ristourne.

Globalement, ceux qui repartent avec une tunique bleue sont des touristes, des aficionados, des irréductibles, des amateurs de bonnes affaires ou encore "des gens qui veulent avoir un collector, c'est la dernière édition du maillot, avant qu'il ne passe de la marque Adidas à Nike" l'année prochaine.

Raymond Domenech devant la commission des Affaires culturelles ? Un sketch de plus...

Et pendant que les marchands, tout particulièrement les enseignes spécialisées et grandes surfaces, qui avaient constitué des stocks gigantesques, cherchent comment s'en débarrasser en limitant la casse, Raymond Domenech et Jean-Pierre Escalettes, président démissionnaire de la FFF, étaient auditionnés par la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale. L'un, Escalettes, a joué le jeu : "Je suis obligé de partir car j'ai maintenu Domenech en 2008. Le reste, c'est de la littérature", a-t-il notamment constaté, s'exprimant également sur les événements de la Coupe du monde : "J'ai eu honte. Je laisse la place pour tourner la page en espérant que les mêmes erreurs ne seront pas faites (...) J'étais dans l'autobus de la honte. Face à un mur. Je suis enseignant d'un autre siècle. Je n'ai jamais vu ça."

Raymond Domenech, lui, a joué son jeu. Son petit jeu habituel. Dégager en touche, tacler, agacer. "Pourquoi ça marche ou ça ne marche pas ? Il s'agit de l'humain et c'est complexe de trouver une réponse (...) Je n'ai pas su faire le liant entre les individualités et j'assume mes responsabilités..." : à en croire Le Parisien, qui rapporte les déclarations de cette audition qui était à huis clos, voilà à peu près tout ce qu'il y avait à entendre de la bouche de l'ex-sélectionneur. Entre regrets sacrificiels tardifs - "Je regrette de m'être trompé dans le choix de ceux que j'ai pris", à propos du groupe des 23 - et syndrome de persécution - "On ne me parlait plus de la même manière. Ce n'était plus la même chose, j'étais en fin de mandat, mon successeur était déjà désigné. J'étais fragilisé" -, le roi de la pirouette a trouvé le moyen de caser une attaque aux airs de ritournelle : "Aujourd'hui, c'est le procès de la presse qu'il faut faire". Près de six ans qu'on entend cela.

Les députés ont eu du mal à en croire leurs oreilles : à la sortie de l'audition, tandis que Domenech et Escalettes partaient en douce par une porte dérobée, la consternation était unanime, comme l'a noté Le Parisien. "On voulait savoir comment on a pu en arriver là, il ne nous a pas répondu", résume Patrick Bloche (député-maire du XIe arrondissement de Paris). "Il n'a pris aucune note, il était venu avec son message", déplore Jacques Grosperrin, député UMP du Doubs.

On a avancé presque autant qu'avec le grand déballage annoncé la semaine précédente par des joueurs cadres - Evra, Abidal, Henry -, lequel s'est soldé par un honteux bavardage fait d'excuses et de regrets. Pas une explication, mais un ultime manque de respect à tous ceux que le maillot bleu ne fait plus rêver.

G.J.