"Ingrid, est-ce que tu...'' Voilà une phrase que le trio d'humoristes Les Inconnus a rendu célèbre à travers son sketch culte Tournez ménages, diffusé en 1990 sur Antenne 2. Seulement, derrière le rire, il y a aussi un mécontentement, celui de la jeune femme blonde qui incarnait Ingrid. Celle dernière vient de perdre son procès contre le producteur du trio, Paul Lederman, se voyant ainsi refuser par la justice la reconnaissance du statut d'artiste-interprète, selon un jugement du 8 novembre dernier porté à la connaissance de l'AFP, ce mercredi 4 décembre.
Parodie de l'émission Tournez manège !, ancêtre du speed-dating, le sketch Tournez ménages mettait en scène des rencontres entre une charmante demoiselle, Ingrid (son véritable nom est Marianne), face à des messieurs pas franchement séduisants, incarnés par Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus, et à la présentatrice jouée par Michèle Laroque.
À l'origine, recrutée en 1990 par Antenne 2, elle avait signé deux contrats à durée déterminée, non pas en tant qu'artiste-interprète mais en tant qu'"artiste de complément". Elle avait cédé ses droits à la chaîne "à titre exclusif", en contrepartie du paiement de 7 725 francs bruts (soit un peu plus de 1 177 euros). Avec la notoriété de ce sketch, "Ingrid" a certainement voulu avoir une plus grande place... Cependant, son apparition "brève et neutre" a permis à la justice de trancher : elle n'est pas artiste-interprète mais sert "essentiellement de faire-valoir aux comédiens comiques", qu'on attend désormais de retrouver dans la suite des Trois frères.
En effet, le visionnage de la vidéo ne laisse pas de place au doute : les phrases cultes sont prononcées par le trio d'humoristes, pas par elle. C'est aussi l'avis de la 3e chambre civile du TGI, rendu le 8 novembre 2013 : "L'interprétation que donne la plaignante d'un rôle qui n'a pas vocation à rester dans les mémoires est elle aussi monotone et sans relief, ce qui explique que la chaîne de télévision n'ait pas fait appel pour le tenir à une comédienne de métier, mais à un mannequin."