Co-fondateur emblématique de l'association Emmaüs, l'Abbé Pierre avait fait de la lutte contre la mal-logement le combat de sa vie. Décédé en 2007, l'homme d'église a vu son héritage partir en fumée ces derniers jours. En effet, plusieurs témoignages dénonçant son comportement ont fait surface. Au total, pas moins de 24 personnes l'accusent aujourd'hui d'agressions sexuelles.
Selon leurs dires, les faits se seraient déroulés entre les années 50 et les années 2000. Une femme affirme notamment avoir subi des "baisers forcés" et "des contacts" non sollicités alors qu'elle avait 8 à 9 ans, entre 1974 et 1975 en Île-de-France. De passage sur le plateau de l'émission C à vous mardi 10 septembre 2024 sur France 5, le comédien Lambert Wilson, qui a incarné le personnage de l'Abbé Pierre dans le film baptisé Hiver 54 en 1989, a été interrogé à ce sujet par Anne-Elisabeth Lemoine.
"Je découvre en même temps que tout le monde ce que la fondation Emmaüs publie. Je suis sans voix. C'est à dire que j'ai passé un temps fou avec lui, il a été une sorte de guide spirituel pour moi très important dans ma vie. Pour moi c'était quelqu'un qui était en lutte, et il le disait, avec le célibat. Il respectait l'église et le célibat était compliqué, et il le formulait", a notamment déclaré l'acteur.
En 2021, Lambert Wilson s'était déjà confié sur la relation particulière qui le liait avec l'homme d'église sur France 5. L'acteur avait par exemple dévoilé comment il était entré dans la peau de l'Abbé Pierre pour le film Hiver 54. "Chez l'Abbé, il y a des choses très particulières dont je me suis servi, notamment sa façon de fermer les yeux lorsqu'il écoutait. Je pense qu'il savait que je l'observais et c'est ça qui crée un lien très fort entre nous sur le plateau et c'était très difficile de ne pas succomber à son charme. Il a dit plus tard lui-même qu'on avait eu un coup de foudre l'un pour l'autre en fait. Il s'est projeté dans moi. Il a déposé sur moi un espoir, qui était que je sois lui pour bien des années après le film", avait souligné le comédien.
"Ça a commencé par une collaboration pendant certains événements organisés par Emmaüs. Et puis à un moment, il a fallu que je lui fasse comprendre que je n'étais pas lui, que je n'étais qu'un acteur d'une certaine façon. Alors je l'ai vécu personnellement comme ma trahison (...). Il était content d'être médiatique et je pense qu'il aimait l'impact qu'il avait, c'était une arme pour faire bouger les choses. Il est l'un des premiers à s'être servi des médias modernes", avait également ajouté Lambert Wilson au sujet de l'Abbé Pierre.