"C'est insolent, c'est venimeux" : le son de Lescop, responsable d'une récente résurgence de la new wave française, est à l'image du regard de Marlene Dietrich, l'ange bleu auquel il rend un hommage tripant et tripal dans Marlene, son nouveau morceau. Insolent et venimeux, donc.
La première injection a eu lieu en 2011, lorsque Mathieu Lescop, jusqu'alors associé au groupe de rock rochelais Asyl - déjà orienté punk/new wave -, nous a attirés au milieu de La Forêt. Une chanson ? Plutôt l'arbre qui cachait la forêt : l'écriture et la présence vocale d'Etienne Daho, l'excitation de Joy Division, la monotonie étrange et magnétique de Daniel Darc et Taxi Girl, la respiration pulsatile d'Indochine (dont Asyl fit la première partie et pour qui Mathieu Lescop - Peudupin de son vrai nom - co-signa Les Portes du soir sur l'album Alice & June)... Une claque sonore servie avec un clip fait de fragments surgis des ténèbres, de stroboscopes et de clair-obscur.
Le tout, cautionné par le tandem charentais exilé à Londres John & Jehn (Johnny Hostile, c'est Nicolas Congé, et Beth Jehnny, c'est Camille Berthomier, vue en 2005 dans le film A travers la forêt avec Aurélien Wiik), qui a fait de Lescop la première signature de son label fraîchement créé en 2011, Pop Noire Records, et a accompagné l'écriture du single La Forêt et sa création à l'écran. Avec l'appui du bien nommé Pop Noire Records, Lescop "écrit et compose de la variété francaise bipolaire", pour paraphraser le raccourci saisissant de sa page Facebook.
Nouvelle démonstration en forme d'exercice de style avec Marlene, un des quatre titres présents sur le superbe EP que Lescop publiait en novembre dernier et dont le clip vient d'être publié. Nerveux, sombre, charnel, palpitant, saturé de désir et de sons, métallique, industriel même, l'hommage étale sa prose voluptueuse sur une idée de Berlin et sur les images d'une errance nocturne constellée de brouillard et de lumières effarantes, au cours de laquelle Lescop, toujours dans l'ombre, nous inocule ses sensations : "C'est insolent, mais tellement beau,/Beau et violent,/Peut être un peu trop, Marlene..."
G.J.