En mars dernier, Lisa Azuelos – réalisatrice de Comme t'y es belle et LOL – créait l'association Ensemble contre la gynophobie. Derrière ce titre, un désir de faire braquer les projecteurs sur toutes les formes de violence faites aux femmes et créer un statut juridique fort pour le pénal.
Féministe et engagée, la cinéaste et romancière n'en est pas à son premier coup d'essai. On l'avait vue à Cannes, aux côtés de Julie Gayet lors de la campagne Bring Back Our Girls, diriger plusieurs courts métrages thématiques (l'un pour l'association américaine Free the Nipple, l'autre sur le mariage forcé), entre autres. De passage au Festival de Cannes, celle que l'on retrouve l'année prochaine à la réalisation du biopic Dalida nous a expliqué le principe de son association et le combat qu'elle mène.
"J'ai inventé ce mot car je me suis rendu compte qu'il n'existait aucun mot pour qualifier et regrouper toutes les violences faites aux femmes, nous confie-t-elle. J'ai juste pris gyno qui veut dire femme en grecque, et phobie qui signifie peur, haine, rejet, mépris." Derrière cette association, Lisa Azuelos veut imposer "une limite claire" qui servirait notamment à la justice et aux avocats pour défendre les victimes. "Aujourd'hui, dans le pénal on ne va pas en prison pour misogynie, déplore la cinéaste, mère de trois enfants. Même quand on se fait violer, il faut utiliser un arsenal de trucs."
Un constat choc mais réaliste à en croire Lisa Azuelos. "Je n'ai plus envie de me taire. Je n'ai plus envie de ce monde qui est très violent, très inégal", tonne-t-elle, tout en tempérant ce propos en affirmant que jamais les citoyens n'avaient été autant réunis pour des causes fortes. "C'est le moment propice pour que le féminin et le masculin refassent couple ensemble, croit-elle savoir. Il serait temps que les valeurs du féminin reprennent un peu petit d'espace."
Rebondissant sur la misogynie dans le monde du cinéma, Lisa Azuelos s'estime chanceuse "d'avoir un cinéma protégé par l'Etat, contrairement aux Etats-Unis, où c'est beaucoup plus dur". Selon elle, "les premiers à morfler là-bas, ce sont les femmes". Citant Kathryn Bigelow, Nancy Meyers ou Jane Campion comme femmes cinéastes, Lisa Azuelos s'est souvenue qu'elle était "quasiment la seule femme-réalisatrice" sur le circuit, au moment où on lui a proposé de diriger le remake américain de LOL avec Miley Cyrus. Un constat qui a quelque peu changé depuis, preuve que les mentalités vont vers l'avant.
Christopher Ramoné