À 48 ans, la réalisatrice de Comme t'y es belle et LOL est une "fille de" pour le moins discrète. Sa mère n'est autre qu'une icône, Marie Laforêt, une chanteuse au répertoire pléthorique mais également une actrice de renom (La Fille aux yeux d'or, Leviathan ou encore Joyeuses Pâques). Et si aujourd'hui, dans son cinéma, Lisa Azuelos explore la relation parents-enfants, c'est aussi pour mieux exorciser la sienne.
"Je me souviens des plateaux télé écumés avec elle, mais d'aucune sortie au jardin d'enfants" se laisse dire la réalisatrice au magazine Gala. Ses parents - son père, Judas Azuelos, est un juif marocain proche de Ben Barka - sont trop souvent absents. Une séparation, déjà, en est la cause : "Elle n'a vécu que deux ans avec mon père", dit de Marie Laforêt sa propre fille. "Faut dire qu'il s'appelait Judas, alors quel avenir pouvait-il avoir avec une Marie ?", lâche Lisa Azuelos, avec un ton qu'on imagine à la fois cinglant et teinté d'ironie.
"C'est comme si j'avais grandi orpheline de parents vivants", dit-elle. Le terme est sans équivoque. Pourtant, chez elle, pas de rancune apparente, même si on imagine bien le manque. Aujourd'hui, Lisa Azuelos s'apprête à sortir en salles son nouveau long métrage, Une rencontre (sortie le 23 avril), avec Sophie Marceau et François Cluzet. L'histoire d'Elsa, écrivain, et de Pierre, avocat. Ils se croisent : un regard, un briquet qui change de mains, des rires un peu trop nerveux, le frémissement d'une histoire possible... Une rencontre ? Sauf que la vie de Pierre, c'est d'abord sa famille : ses enfants et Anne, sa femme depuis quinze ans, celle qui l'aimera toujours et qu'il aimera toujours, en dépit de la routine et du temps qui passe, il le sait. Elsa, de son côté, se reconstruit peu à peu après un divorce compliqué, se partageant entre l'écriture, ses ados qui grandissent trop vite, ses amies et une histoire légère comme l'air avec Hugo, son jeune amant. Pour elle, l'homme marié est un tabou et même pire : une erreur. Pourtant... Dès le premier regard, la rencontre de Pierre et Elsa s'inscrit dans une temporalité différente, comme si présent et futur possible se dédoublaient, s'entrechoquaient... jusqu'à créer une réalité où tout serait possible.