Lucie Lucas vient de prendre la parole sur Instagram afin d'évoquer un sujet qui l'a directement affectée : les abus sexuels et viols dont elle a été victime durant sa jeunesse ou ses années de mannequinat. Après avoir relaté, le 23 novembre 2019, les horreurs qu'elle a subies, l'actrice de 33 ans a expliqué pourquoi elle a, longtemps après les faits, brisé le silence.
La comédienne star de la série Clem a fait savoir qu'elle a choisi de partager "ces expériences de vie publiquement" pour que "les hommes et certaines femmes, les institutions, la société en général, prennent conscience que beaucoup de femmes subissent des violences de la part du sexe opposé et que ces violences ont tendance à se banaliser".
Lucie Lucas évoque les témoignages qu'elle a reçus depuis qu'elle a pris la parole et constate malheureusement qu'elle n'est pas "un cas isolé". Elle explique aussi qu'il y a deux ans, lorsque le mouvement #Metoo est né, elle ne se sentait pas prête à parler. C'est le témoignage d'Adèle Haenel qui l'a convaincue : "Je me suis dit que le moment était venu, qu'on ne pouvait pas la laisser seule."
J'accepte mes cicatrices
Si Lucie Lucas parle, elle ne souhaite pas "dénigrer le sexe masculin et "créer de fossés". "Je veux seulement essayer de sensibiliser, d'expliquer pourquoi c'est si important pour nous que la société change rapidement et massivement", poursuit-elle. Elle ne veut pas non plus "d'une chasse aux sorciers". Voilà pourquoi elle ne révèle pas les noms de ceux dont elle a parlé il y a quelques jours et déclare : "Aujourd'hui j'accepte mes cicatrices et j'ai même de la chance car les hommes qui m'ont fait le plus de mal m'ont présenté des excuses qui m'ont permis de pardonner et d'aller de l'avant." Ne croyant pas "aux monstres" mais "aux abîmés" et pensant que "beaucoup ne se rendent pas compte", la comédienne déclare qu'en changeant les "schémas d'apprentissage, de positionnement les uns par rapport aux autres", il y aura un mieux.
En commentaire de ce long texte, Lucie Lucas a écrit : "Je voulais vous dire combien je suis touchée du fond du coeur par tous vos messages de soutien. Je ne peux pas répondre mais je lis chacun de vos mots avec attention et j'envoie mon amour à toutes mes soeurs qui ont souffert aussi. Beaucoup d'hommes m'ont écrit également, merci à eux aussi ! C'est tellement émouvant de voir qu'il n'y a pas un sexe contre l'autre. Je suis solidaire de toutes les femmes abîmées, mais c'est bien à la gent masculine que s'adressait mon message en premier lieu. Je voudrais que les hommes comprennent pourquoi on les embête tellement avec notre féminisme en ce moment, pourquoi on ne veut plus "lâcher l'affaire". Pourquoi on ne peut plus se taire tant que la situation ne s'est pas arrangée significativement."
Pour rappel, des rassemblements pour dénoncer les violences faites aux femmes ont été organisés dans toute la France, le samedi 23 novembre. Si elle n'était pas présente dans la rue, la maman de Lilou (9 ans), Moïra (7 ans) et Milo (1 an) a souhaité faire part de sa propre expérience. Comme le fait que des garçons la "coinçaient dans les toilettes", essayaient de "la déshabiller et l'oblige[aient] à garder leur langue dans [s]a bouche" alors qu'elle avait entre 6 et 8 ans.
Elle s'est également souvenue d'un professeur de théâtre qui avait eu un comportement abusif, d'un prof au regard insistant lors de séances de natation au collège ou d'un prof de techno et son attitude perverse. Dans son métier de mannequin ou de comédienne, Lucie Lucas a également dû faire face à des comportements inappropriés.
Mais c'est à l'adolescence qu'elle connaîtra l'un des pires moments de sa vie. Un garçon plus âgé dont elle était amoureuse l'a violée dans une cave, pendant les vacances d'été. Et plus tard, c'est un petit copain "qu'elle aimait tant" qui a abusé d'elle sexuellement. Des histoires sordides qu'elle ne souhaite plus taire.