Il a dessiné d'innombrables histoires d'Astérix, mais depuis quelques années, c'est pour des histoires de famille moins glorieuses qu'Albert Uderzo a fait parler de lui. Et quelques mois après la fin d'un long conflit judiciaire l'opposant à sa fille Sylvie, le papa d'Astérix vient cette fois d'être égratigné par son frère Marcel. Dans une longue interview au Parisien, celui qui est également dessinateur évoque ses relations plus que compliquées avec son aîné...
Tout ne s'est pourtant pas toujours mal passé entre eux. À la retraite de leur père, luthier, avec lequel il travaillait, Marcel Uderzo (81 ans) se lance dans le dessin, sa passion, et commence à travailler avec son frère. Nous sommes à la fin des années 1960. "Albert m'a proposé de collaborer avec lui", se souvient le cadet, qui va notamment s'occuper de l'encrage et des couleurs sur l'album Tanguy et Laverdure et plusieurs Astérix. "J'apprenais le métier. Mais travailler ensemble en famille n'est pas simple", assure-t-il, amer.
C'est en effet que, patatras, les choses vont se gâter entre eux. "Nous avions des relations compliquées. Nous n'avons pas du tout le même caractère...", raconte Marcel Uderzo. L'aventure va tourner à la bérézina quand, en 1979, Albert Uderzo, qui vient de fonder sa société, les éditions Albert René, l'écarte. "Il n'a pas voulu continuer avec moi. On s'est expliqué", dit-il. Mais cela va laisser des traces puisque les deux ne se reparlent toujours pas des décennies plus tard. "Nos relations sont toujours aussi mauvaises aujourd'hui. D'ailleurs, il ne parle jamais de moi. Je suis un inconnu pour lui", explique le créateur d'un autre personnage de BD, Mathias.
Faut-il voir de la rancoeur dans le récit de Marcel ? Si ce dernier avoue que son nom l'a "desservi" et "avoir vécu dans l'ombre" d'Albert (87 ans), il assure le contraire : "Je ne suis pas rancunier, pas jaloux. J'ai pu l'envier quelque fois, quand il n'arrêtait pas de s'acheter des Ferrari. Mais ça s'arrête là. J'ai une toute petite retraite, je n'ai pas des millions de côté, il y a eu des moments difficiles... Mais je m'éclate toujours autant en dessinant et c'est l'essentiel", conclut-il. Avec sa série Mathias, dont les quatre albums vont être réédités, il n'est peut-être pas trop tard pour se faire un prénom...