Si, de son propre aveu, elle tâchera de ne pas être "sauvage" et cédera avec l'élégance magnétique qu'on lui connaît aux sirènes des "mondanités" de la Fashion Week parisienne - notamment le traditionnel Dîner de la mode au profit du Sidaction -, Mareva Galanter, avant de sortir ses tenues de gala, propose une fantaisie déshabillée "pour adultes".
La signalétique "déconseillé aux moins de 16 ans" qui flanque l'accès à Sex Crimes, plongée documentaire télévisée dans des histoires de crimes sexuels inédits qu'elle étrennait hier soir (23 janvier) sur la chaîne câblée 13eme Rue, peut aussi bien s'appliquer au clip de Western Love, qu'elle vient d'offrir à ses followers sur Twitter. Car, avec Mareva, tout se passe à vitesse grand V sur Twitter (pas étonnant qu'elle ait franchi le cap des 6 000 followers) : de ses coups de gueule contre les radars automatiques qui la flashent et menacent son permis, jurons à la clé, à ses grands moments de solitude au McDrive, en passant par ses coups de projecteur sur les créations de son chéri Jean-Charles de Castelbajac (en l'occurrence, sa Twingo élyséenne) et ses petites confidences sur son quotidien...
Ces dernières heures, son compte Twitter a presque sacrifié son éclectisme quotidien à l'autel du buzz : Mareva Galanter, 32 ans, tenait en haleine ses followers avec la promesse d'une nouvelle chanson assortie d'un clip, "en attendant l'album". Cette chanson, Western Love, enregistrée l'an dernier à Detroit avec Jim Diamond sous l'égide de Ghetto Recorders (The White Stripes, The Fleshtones, Electric Six, The Go, The Laundronauts...), n'est autre que celle qui habille la bande-annonce du programme Sex Crimes. Et celle qui déshabille son clip.
Car, après nous avoir hypnotisés de son seul regard à l'occasion de son récent détour chez ses amis anglais de Little Barrie (collaborateurs à Happy Fiu en 2008) pour le clip How Come (extrait de King of the Waves), Mareva Galanter délaisse l'écran. Elle a plutôt choisi de s'en remettre aux écarts libidineux d'une bonne vieille pépite hollywoodienne tombée aux oubliettes pour embrumer son propre western musical à base de : riff de piano aride, guitare vibrante qui se perd dans un désert, pattern traînant et pesant digne du Pénitencier (The House of the Rising Sun), vocalises imitant le cri des coyotes à la nuit tombée, voix lascive et erratique contant une love story de ville fantôme du Far West... Encore une merveille d'atmosphère signée Mareva Galanter.
Il faut reconnaître, en premier rôle du clip de Western Love, l'actrice de série B Ann Savage, qui, après quelques années à jouer les faire-valoir dans le cinéma des années 1940, avait obtenu une certaine reconnaissance en faisant chanter Tom Neal dans le film noir devenu culte Detour (1946), d'Edgar G. Ulmer, loué a posteriori par la critique, qui qualifia même Ann Savage de "Garbo de l'époque". Les extraits utilisés pour le clip Western Love de Mareva Galanter sont des emprunts à Renegade Girl (1946), dans lequel elle joua ensuite face à Alan Curtis (qui apparaît également dans le clip), ainsi qu'à un autre western "postérieur" (c'est le cas de le dire), Ramrodder (1969), comme l'a relevé le site lestambours.com, bien renseigné pour le coup et qui précise l'indispensable titre français de cette oeuvre mémorable : "Le Totem du sexe". Après enquête, il s'agit d'un western pour adultes très pointu comprenant scènes de nu (danse, peinture sur corps, baignade, combat, saphisme, soumission) et de sado-masochisme, réalisé par un certain Ed Forsyth sous le pseudonyme de Van Guylder.
Erotique et vintage, le clip bénéficie d'un montage intéressant, inventant son propre scénario en juxtaposant scènes de débauche des années 1960 (séance de "natation synchronisée" nudiste et hippie de quelques naïades, scène lesbienne, séquence sadique avec flagellation d'une captive nue - Kathy Williams) et expressions de répulsion prude sur le visage de la vierge effarouchée Ann Savage/Jean Shelby (son personnage dans Renegade Girl). Plus subtil qu'il n'y paraît quand on sait qu'Ann Savage fustigea ouvertement les rôles de potiches réservés aux femmes, simples faire-valoir des protagonistes mâles, dans le cinéma de son époque... Le clip de Western Love prend alors des allures d'hommage, Ann Savage, consacrée en 2005 "icône et légende" par l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (aréopage d'Hollywood et maison des Oscars), étant décédée à 87 ans le 25 décembre 2008, année où elle avait fait un retour remarqué à l'écran dans My Winnipeg, un docu-fiction surprenant et acclamé de Guy Maddin.
Un savoureux en-cas anachronique servi par Mareva... "en attendant l'album".
G.J.