C'est une affaire qui n'en finit plus de bousculer le monde du judo, et bien plus. Dans la nuit de samedi à dimanche dernier, Margaux Pinot et son compagnon, Alain Schmitt, ont eu une très violente altercation dans l'appartement de la judokate, au Blanc-Mesnil. Après plusieurs heures de garde à vue, l'homme de 38 ans est jugé en comparution immédiate par le tribunal de Bobigny. Celui qui est également l'entraîneur de la championne olympique aux JO de Tokyo a finalement été relaxé par le tribunal.
Effondrée par cette décision, Margaux Pinot a décidé de dévoiler une photo de son visage sur les réseaux sociaux. Un cliché choquant tant le visage de la jeune femme de 27 ans est déformé par les coups reçus. Une photo qui a beaucoup fait réagir, notamment dans le milieu du judo. Porte-drapeau de l'équipe de France à Tokyo, Clarisse Agbégnénou s'est indignée sur Twitter face à cette décision de justice qu'elle ne comprend pas. "Je n'ai pas les mots pour exprimer tout ce qui se passe dans ma tête et mon corps en tant que femme face à ce que ma coéquipière Margaux Pinot a subi. D'autant plus choquée de la décision de la justice. Que faut-il pour que les sanctions tombent, la mort ?", se demande-t-elle.
Un constat partagé par la superstar du judo en France, Teddy Riner. Le colosse de 32 ans s'est également saisi de son compte Twitter pour commenter la relaxe d'Alain Schmitt. Touché par le récit de la championne d'arts martiaux, le compagnon de Luthna Plocus se pose des questions. "Que faut-il faire pour que les victimes soient entendues ? Que les agresseurs soient reconnus coupables ?", demande-t-il. Un message déjà liké plus de 15 000 fois.
"Relaxé vous avez dit ? Manque de preuves vous avez dit ? Tant de campagne de lutte contre les violences faites envers les femmes pour ça ? Aujourd'hui c'est triste de le dire mais tant qu'il n'y a pas la mort au bout ça reste du 50/50 Qu'attend la justice pour sévir... Pour punir", a de son côté tweeté Amandine Buchard, vice-championne olympique à Tokyo.
La fédération française de judo a aussi réagi par le biais de son président, Stéphane Nomis. "On a été abasourdi, on a pris un KO par la décision" a-t-il déclaré à l'AFP. D'après l'entourage de Margaux Pinot, la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu lui a écrit dimanche dernier, selon les informations de l'AFP.
Alain Schmitt, 38 ans, a été arrêté en état d'ivresse dans la nuit de samedi à dimanche au Blanc-Mesnil.
Margaux Pinot accuse son compagnon et ex-entraîneur au sein du club l'Étoile Sportive du Blanc-Mesnil de lui avoir asséné des coups, tiré les cheveux mais aussi d'avoir tenté de l'étrangler lors d'une altercation dans l'appartement de la jeune femme de 27 ans. Ses appels au secours ont alerté certains voisins, chez qui elle a trouvé refuge avant l'arrivée des policiers vers 02H30. Souffrant d'ecchymoses et d'une fracture au nez, elle s'est vu prescrire dix jours d'ITT (incapacité temporaire de travail).
Mercredi après-midi, la médaillée d'or à Tokyo avec l'équipe de France, dans la nouvelle épreuve par équipes mixtes, s'est exprimée pour la première fois sur les réseaux sociaux depuis le début de l'affaire pour exprimer son indignation. "Que vaut leur défense calomnieuse face à mes blessures, et le sang jonchant le sol de mon appartement ? Que manquait-t-il ? La mort au bout, peut-être ?", s'est-elle insurgée en publiant une photo de son visage tuméfié, qui semble prise peu après les faits. "C'est probablement le judo qui m'a sauvée", a-t-elle ajouté.
L'audience de mardi à Bobigny avait été marquée par des versions contradictoires.
Présentant lui aussi un visage contusionné, Alain Schmitt a nié "à 100%" les faits qui lui étaient reprochés. À la barre, il a démenti avoir porté le moindre coup à sa compagne, décrivant plutôt une bagarre entre amants comme une "tornade", à base de prises de judo et déclenchée par Margaux Pinot. "C'était pas un combat de judo, c'était des coups de poing", a protesté la judokate à la barre.
En effet, hier, le parquet de Bobigny a annoncé faire appel de la relaxe la veille de l'entraîneur de judo Alain Schmitt pour des faits de violences conjugales sur la championne olympique Margaux Pinot. Contactée par l'AFP, l'avocate d'Alain Schmitt, Caroline Wassermann, a indiqué que son client accueille avec "sérénité" l'appel du parquet. "Ce n'est pas pour autant que la décision de la cour (d'appel) ne sera pas similaire à la décision de première instance", a-t-elle averti.