En bon Kennedy, Patrick Kennedy a eu son lot de malédictions personnelles (alcoolisme, dépression, troubles bipolaires, santé fragile), auxquelles on peut ajouter le décès difficile à surmonter, en août 2009, de son père Ted Kennedy, quatrième sénateur de l'histoire américaine en termes de longévité (47 ans de carrière politique), qui fut le dernier membre éminent du clan et le survivant de la fratrie foudroyée engendrée par Joseph P. Kennedy Sr. (John F. Kennedy, Robert F. Kennedy, et Joseph P. Kennedy, Jr.).
Mais vendredi 15 juillet 2011, Patrick était à la noce. Au sens littéral. A la sienne. Patrick Kennedy, 44 ans, a en effet épousé, quatre mois après l'annonce de leurs fiançailles, Amy Petitgout, par ailleurs mère d'une fillette de 3 ans, Harper, issue d'un précédent mariage. Le mariage a eu lieu à Hyannis Port (Massachussetts), fief chargé de souvenirs de la famille. Comme un symbole de ce "tournant", cette "nouvelle direction" qu'a pris sa vie, selon l'explication qu'il fournissait en 2010 à sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat de représentant du 1er district de l'Etat de Rhode Island au Congrès, fonction qu'il assumait depuis 1995 et qu'il a donc abandonnée en janvier 2011. "C'est dur de se lever et d'aller travailler chaque jour quand votre partenaire n'est pas là : je crois tout simplement qu'il a le coeur brisé depuis la disparition de son père", estimait Mark Weiner, un mécène démocrate du Rhode Island proche de Patrick.
Les démons et les peines étaient conjurés ce 15 juillet, et Patrick Kennedy est apparu serein et radieux pour convoler lors d'une cérémonie en toute intimité (mais 200 invités tout de même) aux allures de garden party dont le Daily Mail livre de superbes images. La mythique propriété du clan Kennedy sise face à la mer sur la péninsule de Cape Cod a hébergé l'heureux événement, venu s'ajouter en ces lieux à la collection de moments d'histoire léguée par une dynastie hors du commun dans laquelle Amy Petitgout, professeur d'histoire, a fait son entrée. Autour du président de la Cour Suprême Stephen Breyer, qui conduisait la cérémonie, l'essentiel du clan Kennedy d'aujourd'hui était rassemblé pour entendre Patrick se décrire comme l'homme le plus chanceux de la planète et se dire certain que son père le regardait d'où il est.
La complicité du couple et les baisers échangés face aux flots de l'Atlantique Nord baignés de soleil sont évidemment parvenus à dissiper les nuages qui se sont récemment amoncelés autour du fief familial, alias "Camelot-sur-mer", un havre de paix où des générations de Kennedy se sont détendues. Victoria Kennedy, veuve de Ted Kennedy et belle-mère de Patrick (elle épousa Ted en 1992), envisage en effet de céder la propriété de la maison principale à l'Institut Edward Kennedy flambant neuf pour en faire un centre d'études du Sénat, ce qui fait craindre pour leur intimité et pour la légende des lieux les autres membres de la famille y passant du temps.
Heureusement, les dissensions n'avaient pas droit de cité, et Patrick était heureux de recevoir les félicitations tant de sa mère Joan que de sa belle-mère Vicki au moment d'officialiser son union avec la femme de sa vie, rencontrée l'an dernier dans le New Jersey.
Mais il faudra bien aboutir à un accord, et les deux parties s'affrontent, entre ceux qui comprennent que Vicki ne tienne pas conserver une résidence si étroitement liée à son défunt mari, qu'il aimait tant et où il décédé d'un cancer du cerveau en 2009, et ceux qui craignent que la mutation porte atteinte à l'histoire du lieu, dans la famille depuis 1926. Et pour cause : c'était là la résidence d'été du président éphémère John Fitzgerald Kennedy, là même où, plus jeune, il avait appris à faire de la voile, joué au football avec ses frères ; là, aussi, où tout le clan se rassembla dans le deuil de JFK...
G.J.