Devenue la dessinatrice attitrée du journal Libération depuis quelques années, Corinne Rey, alias Coco a longtemps travaillé pour Charlie Hebdo. Elle était malheureusement présente dans les locaux de l'hebdomadaire satirique lors de l'attentat du 7 janvier 2015. Ce jour-là, elle a donné accès à la rédaction du journal aux terroristes en tapant le code d'entrée sous la menace de leurs armes. Interrogée à de sujet par le journal Le Monde 10 ans après les faits, l'illustratrice s'est livrée à cœur ouvert. "Je ne me sens plus aussi coupable. Disons que je fais avec, je n’ai pas trop d’autres choix. Je suis sortie de la boucle infernale, mais le 7 janvier continue de m’habiter sans arrêt", a premièrement indiqué Coco.
"Ce jour est toujours là. Il est ineffaçable, je ne l’oublierai jamais. Le 7 janvier n’est jamais sorti de nos têtes. Il est même important d’en parler de manière mémorielle, comme nous le faisons dans des écoles. On y fait aussi référence dans nos dessins", a également ajouté la caricaturiste de Libération. "Ces gars ont été lâches de s’attaquer à des dessinateurs et à une femme comme moi de 1,61 mètre et de 50 kilos. Il y avait une disproportion en tout. Leur haine, notre pacifisme. Leurs armes, leur monstruosité, et nous qui étions là, avec nos plumes, nos stylos, nos crayons, à défendre des idées, à rire. En voulant tuer Charlie, ils ont pensé imposer leur loi de fanatiques, alors que nous prônions la liberté, de penser et de dessiner. Un vrai choc de civilisations", a par ailleurs affirmé l'ancienne dessinatrice de Charlie Hebdo.
"Le sentiment d'impuissance ressurgi par moments. On vit plus ou moins bien avec", a aussi indiqué Corinne Rey dans un autre entretien accordé à Marie Claire. Au sein de cette interview, l'illustratrice a notamment évoqué le dispositif de sécurité avec lequel elle doit vivre au quotidien. "Un officier de sécurité de plus me protège, j'en ai trois. Je ne peux pas trop en parler, et puis les 'OS', comme on les appelle, font presque partie de notre vie privée désormais. Je leur suis très reconnaissante", a-t-elle ainsi révélé. "Depuis l’attentat, je développe en permanence des réflexes d’hypervigilance. J’en suis arrivée à ne pas mettre mes lunettes de myope dehors, car je préfère voir flou le visage des gens. Je porte un bonnet sur la tête, je regarde par terre dans la rue, de façon qu’on ne me reconnaisse pas. Ça me tranquillise", a aussi précisé Coco dans Le Monde.