Il y a deux ans, Marie Cau a été propulsée sous les projecteurs. Ce n'est pas tant pour son élection de maire d'un village, Tilloy-lez-Marchiennes dans le Nord précisément, mais parce qu'elle est devenue la première maire transgenre de France. La quinquagénaire, ingénieure en informatique, est désormais à la tête de la bourgade dans laquelle elle vit depuis deux décennies. Libération l'a rencontrée et fait le portrait d'une femme forte et confiante en elle comme dans les autres.
Qu'on se le dise, sa transidentité passe après ses missions de maire. Elle souhaite simplement être un exemple positif et montrer qu'il est possible d'être une femme trans amoureuse d'une autre femme dans une petite ville de province. Ceci étant, sa soeur aînée Myriam Cau, par ailleurs ancienne vice-présidente verte de la région Nord-Pas-de-Calais, apporte un éclairage important : "C'était inattendu et courageux. Sa situation aurait pu la faire hésiter, mais elle avait confiance en elle." Un parcours impressionnant pour cette édile de 57 ans passée par bien des épreuves. La première étant la difficulté, dans son enfance, à se faire des amis. Les choses se compliquent au collège où l'ado est victime de harcèlement.
Malgré tout, l'enfant du Nord aux origines modestes - un père qui tient une épicerie et une mère au foyer fervente catholique - suit des études en lycée agricole, puis d'informatique à Lille. A l'époque mariée, Marie Cau a trois enfants de son union et refoule sa transidentité de peur de perdre la garde de ses enfants et son travail. Le temps passe, la progéniture grandit, la vie professionnelle est stable. Celle qui deviendra femme politique décide de divorcer, n'évitant pas les conflits, consciente que son ex digère mal cette décision conjugale et personnelle. La procédure dure quinze années mais elle bénéficie du soutien inconditionnel de son actuelle compagne Nathalie.
Il y a moins d'un an précise Libération, "sa transition sociale a franchi une nouvelle étape par le changement de son genre à l'état civil au terme d''une procédure assez désagréable'. Elle a fait ses démarches seule et n'a jamais voulu d'un quelconque psy". Il faut dire que Marie Cau est une personne entière et qui dit ce qu'elle pense, affirme son amoureuse qui est également conseillère municipale. Elle se revendique d'ailleurs apartisane, rejette les extrémismes et veut maintenir le dialogue avec tous. Et ses enfants ? Dans son interview pour Gala en 2020, Marie Cau résumait ses relations avec ses deux filles et son fils par cette phrase : "Ils m'ont dit : 'On s'en fout, on t'aime comme ça et puis c'est tout !'"