Mathias Vicherat, ex-compagnon de Marie Drucker et père de son fils Jean, 8 ans, a été placé en garde à vue dimanche 3 décembre avec sa désormais ex-compagne Anissa Bonnefont, avant d'être remis en liberté lundi. "L'unité médico-judiciaire n'a pas relevé d'incapacité totale de travail sur aucun des deux, et aucun des deux n'a souhaité déposer plainte à ce stade. L'enquête se poursuit en préliminaire", a précisé le parquet de Paris. Les deux se sont réciproquement accusés de violences conjugales.
On venait tout récemment d'apprendre que Mathias Vicherat, qui est le directeur de Sciences Po Paris et administrateur de la FNSP (Fondation nationale des sciences politiques), allait "s'adresser à l'ensemble des communautés de Sciences-po rapidement pour éclaircir la situation". C'est ce qu'a affirmé Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la FNSP, dans un message adressé lundi soir aux membres du conseil d'administration de l'établissement. C'est désormais chose faite, puisqu'il vient effectivement de sortir du silence.
Il a écrit mardi aux étudiants, enseignants, salariés, membres des conseils de l'institution pour assurer qu'il "entend(ait)" leur "émotion" et leur promettre de les "rencontrer très prochainement". Une information révélée par l'AFP ce mardi 5 décembre. Dans ce message également adressé aux anciens étudiants, il tient aussi à "redire (son) attachement sincère et profond aux valeurs de (leur) établissement", a appris l'AFP auprès de la direction de Sciences Po. "Je souhaite avant tout que ces événements n'altèrent pas le fonctionnement de notre institution", ajoute-t-il, alors que l'AFP révèle une déclaration commune tenue avec sa désormais ex-compagne - ce qu'on comprend d'après leur communiqué - après leur garde à vue : "Des éléments relatifs à notre vie privée ont été divulgués par la presse hier (lundi). Les ruptures sont rarement évidentes et ne devraient en aucune manière faire l'objet de communication dans les médias et les réseaux sociaux."
Pour rappel, cette affaire divulguée par l'AFP lundi 4 décembre a fait l'effet d'une bombe. "Nous demandons la suspension immédiate de Vicherat et sa démission pour des raisons d'exemplarité", a rapidement réagi Inès Fontenelle, vice-présidente étudiante au conseil de l'Institut (Union étudiante) et membre du conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP). Rappelons que Mathias Vicherat avait succédé – en étant largement élu – en novembre 2021 à la tête de Sciences Po Paris à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février de la même année pour avoir dissimulé les soupçons d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel.
Une affaire qu'Inès Fontenelle et les élèves de l'établissement n'oublient pas : "On attend bien sûr d'avoir des éléments supplémentaires, mais on ne peut pas fermer les yeux sur ce sujet. Et encore moins dans le contexte de Sciences Po qui a connu l'affaire Duhamel, et plus récemment des blocages d'étudiants pour dénoncer le laxisme de l'institution face aux violences sexistes et sexuelles. Par devoir d'exemplarité, nous pensons que Mathias Vicherat ne peut représenter l'institution et si ces faits sont avérés, nous demanderons sa démission."
Dans un communiqué commun de Solidaires et l'Union étudiante de Sciences Po, les étudiants appellent à une assemblée générale mercredi à 19H00 dans les locaux de l'école, dénonçant "l'indécence" du message de Mathias Vicherat, qui "n'ose mentionner les accusations auxquelles il fait face", a déclaré l'AFP ce mardi soir. "En réalité, il n'y a même pas d'explication nécessaire, sa démission est la seule issue possible. En attendant, nous en appelons à la responsabilité de la direction de Sciences Po qui doit le suspendre immédiatement de ses fonctions", poursuit le communiqué.
Rappelons qu'une cinquantaine d'étudiants ont bloqué l'entrée du bâtiment historique de Sciences Po Paris mardi matin, à l'appel de syndicats étudiants de l'institution, pour réclamer la démission de son directeur.