Patrick Dewaere dans le film F comme Fairbanks de Maurice Dugowson
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Que serait le cinéma français sans Patrick Dewaere ? Il s'en est allé à 35 ans le 16 juillet 1982, il y a tout juste trente ans, et son empreinte dans le septième art est toujours aussi intense. Ce triste anniversaire est une nouvelle occasion de rappeler que cet acteur torturé - une description simpliste mais qui pourtant se révélera souvent vraie durant sa vie - a offert aux réalisateurs et aux spectateurs tout ce qu'il avait comme talent.
Trente-sept longs métrages auront porté au panthéon des comédiens Patrick Dewaere, éternelle référence pour tout jeune acteur, comme peut l'être une certaine Romy Schneider, elle aussi violemment partie trop tôt. Coïncidence, ces deux acteurs donneront leur nom aux récompenses qui saluent des révélations du cinéma et ironie du sort que de donner son nom à un prix, lui qui n'aura jamais reçu un seul César, à son grand désespoir.
Patrick Dewaere, c'est un jeune homme qui est né dans la marmite des arts du spectacle. Sa mère, Mado Maurin, le fait baigner comme tous ses enfants sur les scènes. Il jouera dans des films, téléfilms, feuilletons télévisés ainsi que dans des représentations au théâtre et à la radio, histoire de rendre chez lui vital le besoin de jouer, ou plutôt d'incarner. Etre vrai, l'obsession de Patrick Dewaere qui se lit jusque dans son nom, reprenant le nom marital de sa grand-mère maternelle Devaëre et qui signifie en flamand "le vrai"... Un nom qu'il se choisit alors qu'il ne se trouve pas de père. Ce dernier, Michel Têtard, un chef d'orchestre, n'avait pas voulu le reconnaître, et provoquera chez le comédien la souffrance permanente d'être un fils sans père.
Jeune premier qui possède l'étiquette de genre idéal en raison de son rôle dans le feuilleton Jean de la Tour miracle en 1967, il se découvre, alors que mai 68 fait rage, une famille décalée et passionnée avec l'équipe de Romain Bouteille. Il partage ainsi les planches du café de la Gare avec Coluche, Henri Guybet, Martin Lamotte... Mais aussi la comédienne et réalisatrice Sotha (pseudonyme de Catherine Sigaux), qu'il épouse le 26 juillet 1968 et dont il divorce en 1979, mais avec qui il restera proche. Et le grand amour de sa vie, Miou-Miou, avec qui il aura une première fille, Angèle, mais que Julien Clerc adoptera.
Le journaliste spécialisé dans le cinéma Christophe Carrière a retracé dans sa passionnante biographie Une vie (éditions Balland) le parcours de l'acteur en plongeant le lecteur dans l'intimité de cet artiste. Pas de voyeurisme heureusement, le livre ne rentrera pas dans le détail de cette blessure d'enfance, un abus sexuel qui le laissera meurtri à jamais. L'auteur tient à nous faire découvrir l'homme qu'il était, avec ses fêlures et ses imperfections, pour lui rendre l'hommage le plus juste possible. Il n'éludera pas ses excès, ses sautes d'humeurs et son comportement parfois ingérable. L'auteur reviendra par exemple et en détails sur le coup donné au journaliste du Journal du dimanche, Patrice de Nussac en 1980, après la publication d'un entretien dans lequel on y lisait des propos sur sa vie privée que Dewaere espérait garder en off... La violence de Dewaere lui vaudra les foudres et le boycott des médias.
Avec un ton résolument admiratif, Christophe Carrière revient donc sur le parcours de Patrick Dewaere, et évoquera avec les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé, la rivalité qu'il s'infligeait avec Gérard Depardieu, son comparse des Valseuses, le film de Bertrand Blier qui fera exploser son nom. Blier, son ami d'ailleurs, qui lui offrira le rôle magnifique du Beau-père. On citera Coup de tête (1979), Série noire (1979), Un mauvais fils (1980), mais le livre Une vie reviendra également sur le tournage de La Meilleure Façon de marcher, qui rime autant avec perle de cinéma qu'initiation aux drogues dures... Qu'il consommera ensuite allégrement avec Elsa, la mère de sa fille Lola Dewaere et qui lui aurait passé un coup de fil qui l'aurait bouleversé, quelques instants avant qu'il ne décide de mettre fin à ses jours. A cette époque, il devait tourner Edith et Marcel, inspiré de la passion entre la Môme et le boxeur Cerdan, pour la caméra de Claude Lelouch.
Au fil des pages, le lecteur suit inexorablement le glissement de Patrick Dewaere vers son suicide. Certaines situations du passé se lisent avec une grande émotion, quand l'on sait que Patrick s'est donné la mort, le fusil que Coluche lui avait offert, dans la bouche. Pas question d'accabler qui que ce soit, mais pas question non plus de limiter Patrick Dewaere à un suicidaire que les rôles qu'il jouait au cinéma ont poussé vers l'irréparable. Il était un homme bien plus complexe que cela. Ce 16 juillet, Patrick Dewaere aurait eu 65 ans et aurait fait encore plus de films inoubliables. Préparez vos mouchoirs.
Samya Yakoubaly
A lire : Patrick Dewaere, une vie, de Christophe Carrière, aux éditions Balland
Trente-sept longs métrages auront porté au panthéon des comédiens Patrick Dewaere, éternelle référence pour tout jeune acteur, comme peut l'être une certaine Romy Schneider, elle aussi violemment partie trop tôt. Coïncidence, ces deux acteurs donneront leur nom aux récompenses qui saluent des révélations du cinéma et ironie du sort que de donner son nom à un prix, lui qui n'aura jamais reçu un seul César, à son grand désespoir.
Patrick Dewaere, c'est un jeune homme qui est né dans la marmite des arts du spectacle. Sa mère, Mado Maurin, le fait baigner comme tous ses enfants sur les scènes. Il jouera dans des films, téléfilms, feuilletons télévisés ainsi que dans des représentations au théâtre et à la radio, histoire de rendre chez lui vital le besoin de jouer, ou plutôt d'incarner. Etre vrai, l'obsession de Patrick Dewaere qui se lit jusque dans son nom, reprenant le nom marital de sa grand-mère maternelle Devaëre et qui signifie en flamand "le vrai"... Un nom qu'il se choisit alors qu'il ne se trouve pas de père. Ce dernier, Michel Têtard, un chef d'orchestre, n'avait pas voulu le reconnaître, et provoquera chez le comédien la souffrance permanente d'être un fils sans père.
Jeune premier qui possède l'étiquette de genre idéal en raison de son rôle dans le feuilleton Jean de la Tour miracle en 1967, il se découvre, alors que mai 68 fait rage, une famille décalée et passionnée avec l'équipe de Romain Bouteille. Il partage ainsi les planches du café de la Gare avec Coluche, Henri Guybet, Martin Lamotte... Mais aussi la comédienne et réalisatrice Sotha (pseudonyme de Catherine Sigaux), qu'il épouse le 26 juillet 1968 et dont il divorce en 1979, mais avec qui il restera proche. Et le grand amour de sa vie, Miou-Miou, avec qui il aura une première fille, Angèle, mais que Julien Clerc adoptera.
Le journaliste spécialisé dans le cinéma Christophe Carrière a retracé dans sa passionnante biographie Une vie (éditions Balland) le parcours de l'acteur en plongeant le lecteur dans l'intimité de cet artiste. Pas de voyeurisme heureusement, le livre ne rentrera pas dans le détail de cette blessure d'enfance, un abus sexuel qui le laissera meurtri à jamais. L'auteur tient à nous faire découvrir l'homme qu'il était, avec ses fêlures et ses imperfections, pour lui rendre l'hommage le plus juste possible. Il n'éludera pas ses excès, ses sautes d'humeurs et son comportement parfois ingérable. L'auteur reviendra par exemple et en détails sur le coup donné au journaliste du Journal du dimanche, Patrice de Nussac en 1980, après la publication d'un entretien dans lequel on y lisait des propos sur sa vie privée que Dewaere espérait garder en off... La violence de Dewaere lui vaudra les foudres et le boycott des médias.
Avec un ton résolument admiratif, Christophe Carrière revient donc sur le parcours de Patrick Dewaere, et évoquera avec les témoignages de ceux qui l'ont côtoyé, la rivalité qu'il s'infligeait avec Gérard Depardieu, son comparse des Valseuses, le film de Bertrand Blier qui fera exploser son nom. Blier, son ami d'ailleurs, qui lui offrira le rôle magnifique du Beau-père. On citera Coup de tête (1979), Série noire (1979), Un mauvais fils (1980), mais le livre Une vie reviendra également sur le tournage de La Meilleure Façon de marcher, qui rime autant avec perle de cinéma qu'initiation aux drogues dures... Qu'il consommera ensuite allégrement avec Elsa, la mère de sa fille Lola Dewaere et qui lui aurait passé un coup de fil qui l'aurait bouleversé, quelques instants avant qu'il ne décide de mettre fin à ses jours. A cette époque, il devait tourner Edith et Marcel, inspiré de la passion entre la Môme et le boxeur Cerdan, pour la caméra de Claude Lelouch.
Au fil des pages, le lecteur suit inexorablement le glissement de Patrick Dewaere vers son suicide. Certaines situations du passé se lisent avec une grande émotion, quand l'on sait que Patrick s'est donné la mort, le fusil que Coluche lui avait offert, dans la bouche. Pas question d'accabler qui que ce soit, mais pas question non plus de limiter Patrick Dewaere à un suicidaire que les rôles qu'il jouait au cinéma ont poussé vers l'irréparable. Il était un homme bien plus complexe que cela. Ce 16 juillet, Patrick Dewaere aurait eu 65 ans et aurait fait encore plus de films inoubliables. Préparez vos mouchoirs.
Samya Yakoubaly
A lire : Patrick Dewaere, une vie, de Christophe Carrière, aux éditions Balland