C'est la retraitée du football international la plus reconnue. La Française Marinette Pichon est, comme le résume L'Equipe, une icône : la première en presque tout dans sa discipline. C'est aussi la meilleure buteuse de l'Equipe de France avec 81 buts en 112 sélections. À 44 ans, Marinette Pichon a raccroché les crampons. Elle partage sa vie entre le conseil départemental de l'Essonne et France Télévisions, pour qui elle commente les matchs. Et il y a bien sûr, et surtout, sa vie de famille : ouvertement lesbienne, très amoureuse de sa compagne, Marinette Pichon élève avec elle le premier fils d'Ingrid, Maxime, et celui qu'elles ont eu ensemble par PMA, Gaël.
Ce mardi 3 avril 2018 dans L'Equipe, Marinette Pichon se confie longuement à l'occasion de la sortie de son autobiographie - écrite avec Fabien Lévêque, son complice sur France Télé -, dont le titre résume à peu près tout : Ne jamais rien lâcher (Éditions First). Car avant de devenir une star du football et une femme comblée, Marinette Pichon, tout comme sa soeur et sa mère, a été la victime d'un père de famille abusif, violent et alcoolique. "Avec l'écriture du livre, plein de choses sont remontées, extrêmement douloureuses, violentes, qui ont fait ce que je suis devenue aujourd'hui, résume-t-elle. Et, en même, temps il y a toute cette fierté d'avoir construit ma famille avec Ingrid, une femme en or, deux enfants, un boulot, des rencontres qui me donnent cette énergie."
Dans L'Equipe, Marinette Pichon raconte les humiliations verbales malgré ses réussites sur le terrain, les menaces de mort aussi. En voiture, son père lui disait : "Choisis l'arbre dans lequel tu veux que je te mette." Ce père a été condamné à dix ans de prison pour viol (celui de la grand-mère de la footballeuse). Au procès, Marinette Pichon lui demande s'il a réellement voulu des enfants, il répond non. "Il s'est construit, le pauvre, sans affect et il s'est révélé avec des insultes, des menaces de mort, des courses au couteau dans les escaliers..."
Savoir que lui est mort m'a fait encore plus de bien
L'ancienne footballeuse estime pour autant que son calvaire n'était rien comparé à celui de sa mère et de sa soeur : "Ce livre, c'est aussi rétablir leur vérité. J'ai morflé mais elles encore plus que moi. J'ai vu ma frangine prendre des raclées à ne plus pouvoir poser ses fesses sur une chaise. Dès que la porte était fermée, avec ses litres de pinard le soir, c'était le démon incarné." Et puis Marinette a cette phrase terrible : "Ce livre m'a fait du bien mais savoir que lui est mort m'a fait encore plus de bien car il ne fera plus jamais de mal."
Elle l'a vu pour la dernière fois à l'hôpital l'automne dernier. Il est mort le 14 janvier 2018. Tout ce qu'il lui a manqué durant son enfance, Marinette Pichon l'offre sans retenue aujourd'hui à ses enfants : "Nous, on voulait une vie banale. Une vie où l'on part le matin au travail, on se raconte nos journées en rentrant, où on fait des jeux de société, on fête les anniversaires. Tout ce que je fais à la maison aujourd'hui."