Il y a un mois, Marion Bartoli décrochait son premier Grand Chelem en s'imposant sur le gazon londonien de Wimbledon. Une joie intense et une récompense logique au vu du travail fourni des années durant. Depuis, la tricolore a changé de statut et c'est une Marion Bartoli plus libérée, plus souriante que jamais et sacrément à l'aise que L'Équipe a rencontrée avant son retour à Montréal pour ses premiers coups de raquette en compétition depuis Wimbledon.
Rayonnante lors de ses apparitions qui suivirent le titre, que ce soit au côté d'Andy Murray ou lors du gala de Novak Djokovic, Marion Bartoli affiche toujours un sourire radieux et une joie intense à l'évocation de cette finale dont elle a enfin revu les images... "J'avais presque les larmes aux yeux, confie-t-elle ainsi. Quand je me vois monter dans la box (tribune) et tomber dans les bras de tout le monde..." Tout le monde, c'est son père Walter, qui l'a entraînée avant qu'elle ne prenne son envol, non sans difficultés, Thomas Drouet, son partenaire d'entraînement avec qui elle dit se sentir bien ou encore Amélie Mauresmo, capitaine de Fed Cup aux conseils précieux.
Et si Marion Baroli a affiché une détermination sans failles, elle n'a pas pour autant oublié les larmes de son adversaire, Sabine Lisicki : "Les émotions sont à fleur de peau dans ces moments-là. Il s'agissait là quand même pour toutes les deux d'aller chercher un premier titre du Grand Chelem. Donc, j'ai vu qu'elle pleurait et je me suis empressée de ne pas y prêter attention." Résultat, la Française n'a pas craqué et est allée chercher une victoire saluée par l'ensemble du monde du tennis. Des réactions "inimaginables" auxquelles la jeune femme ne s'attendait pas : "Et je crois que tout le monde a été sincère dans ces félicitations. Il y a des tas de gens dont je ne pouvais pas imaginer qu'ils se manifesteraient et qui l'ont pourtant fait. Comme Monica Seles, par exemple. Son e-mail, ça a été un moment magique."
Des moments magiques, Marion Bartoli en a vécu quelques-unes après sa victoire, comme cette partie de tennis improbable face à Bob Sinclar. Ou cette rencontre avec les joueurs de l'Olympique de Marseille, son club de coeur : "J'ai par exemple sympathisé avec les joueurs de l'OM. On est des sportifs et donc on se comprend bien. Finalement, on a une image fausse de ces gens-là. Ils sont extrêmement sympathiques. Ils connaissent des difficultés que moi je peux avoir." Sans oublier les nombreuses obligations médiatiques auxquelles Marion Bartoli a dû se plier. "Que du bonheur, lance-t-elle. Tout, en fait, était sympa. Que dire aussi des réactions des gens que je croisais ? (...) Alors oui, j'ai eu des journées harassantes, parce que tout s'enchaînait. Mais ça valait vraiment le coup."
Désormais sans pression, elle qui dans ses rêves les plus fous se voyait gagner un Grand Chelem, mais qui ne se voyait pas en gagner un dans la "vraie vie", Marion Baroli qui reconnaît n'avoir lâché sa raquette que "trois jours" depuis sa victoire à Londres explique ne pas avoir changé, même si les médias ont renvoyé ces derniers temps une tout autre image de la championne. "Moi, je suis restée la même, quelqu'un de simple, assez gentille, qui ne se prend pas pour une superstar, raconte Marion Bartoli à L'Équipe. C'est vrai que si on ne me voit que sur le terrain où je suis toujours hyper concentré, on a du mal à connaître ma personnalité."
Aujourd'hui, c'est loin de son père que Marion Bartoli se prépare. Un Walter Bartoli absent, lui que l'on avait l'habitude de toujours voir à ses côtés, ce qui n'avait pas manqué d'entraîner quelques frictions avec la Fédération. "Papa, il est tranquille. Il se repose, il profite. Il a un sentiment de plénitude du travail accompli. Parce que j'ai tout fait, tout réussi", poursuit l'actuelle 8e joueuse mondiale qui ajoute malicieusement : "Il va venir me voir, oui, mais pas me voir jouer. Je crois qu'il a eu sa dose."
Outre le tennis, Marion Bartoli a une passion pour la peinture, qu'elle n'a pas eu le temps de pratiquer ces derniers jours, ou encore pour les animaux, elle que l'on voyait avec un chaton en début de carrière, un petit chat aujourd'hui "au paradis des chats" : "J'adore les animaux. Quand je rentre à la maison, je vais aller caresser tous les chats et tous les chiens du voisinage. J'adore ça..."
Détentrice d'une carte de membre du All England Lawn Tennis and Croquet Club à vie après sa victoire à Wimbledon, Marion Bartoli ne possède pas deux choses pourtant fort banales... Son bac et le permis de conduire ! Alors, pas normale, Marion Bartoli ? "Je trouve le short-cut un peu excessif, mais disons que pour le bac, je ne me voyais pas le passer raccroc, répond-elle. Moi, quand je fais les choses, je les fais à fond et là, ça n'était pas possible. Et le permis, c'est par faute de temps. Dans ma vie, j'ai réussi d'autres choses un peu plus dures que passer le bac et le permis..."