Depuis ses débuts sur le circuit professionnel, Marion Bartoli vivait une relation fusionnelle avec son père Walter, devenu son coach et préparateur. Une relation qui avait conduit la numéro un tricolore à manquer les rencontres de Coupe Davis, et qui l'année dernière l'avait privée de Jeux olympiques... Mais en début d'année, Marion officialise la rupture avec son père et tente l'aventure en solo. Deux mois plus tard, l'expérience est un échec, les différents entraîneurs passés à ses côtés n'ont pas réussi, et Marion Bartoli revient dans le giron de son père. Un Walter Bartoli forcément heureux qui s'est confié à L'Équipe, et dresse un état des lieux alarmants de sa fille, tout en soulignant les résultats encourageants que lui seul semble être capable de lui apporter.
"Il y a des hauts et des bas, avec pas mal d'hésitations et de doutes chez elle, explique-t-il lorsqu'on lui demande des nouvelles de la jeune femme. Quand je l'ai reprise, son niveau de jeu était vraiment très faible. Ce qui me préoccupe, c'est qu'elle a perdu deux points essentiels, qui ont été deux fils conducteurs de sa carrière : elle a d'abord perdu les automatismes mentaux de concentration en match. Je la trouve dispersée, dans le doute permanent. (...) Le deuxième problème, c'est son retour de service." Un problème mental, et un problème purement tennistique handicapent donc actuellement la carrière de Marion Bartoli.
La rupture entre le père et la fille était-elle une nécessité ? "Probablement nécessaire puisqu'elle l'a ressenti comme ça, répond Walter Bartoli. Est-ce que c'est mieux à un moment donné de déconstruire pour mieux reconstruire ? Peut-être." Pour autant, cette séparation n'a pas eu que du bon, bien au contraire, même s'il met en avant la refonte de son programme d'entraînement : "On a perdu la stabilité qu'on avait entre nous. Or, construire dans la stabilité, c'est quand même mieux que de tout remettre en question à chaque fois. Moi, cela me gêne dans mon travail."
Walter Bartoli évoque ainsi les différentes associations de sa fille au cours de ces deux mois passés loin de lui, pointant du doigt la baisse de niveau de Marion sur tous les points, physique, tennistique ou mental. Seul point positif, sa participation à la Fed Cup. "Je pense que tout le monde a été gagnant dans l'histoire : l'équipe, Marion, pour qui cela a été une fantastique expérience, et moi, car c'est moi qui l'ai préparée. Et à mon avis, la qualité du match qu'elle a fourni en Fed Cup n'était due qu'à mon travail", ose un Walter Bartoli sûr de son fait, avant de pointer du doigt Xavier Moreau, le préparateur physique de l'équipe de France : "J'ai retrouvé [Marion] très lente. C'est tout le problème. Xavier n'est jamais arrivé à lui donner la vitesse escomptée. Là où tout le monde a été stupéfié quand je l'ai reprise en charge, c'est en voyant l'explosivité qu'elle avait acquise en une semaine avec moi. Mais je ne jette pas la pierre à Xavier Moreau, car il a fait tout ce qu'il a pu avec toutes ses qualités, ses connaissances et son honnêteté."
Mais L'Équipe semble avancer une autre explication à la méforme actuelle de Marion Bartoli. Le divorce de ses parents. Une séparation qui pèserait lourdement sur le mental de la jeune femme de 28 ans. "Franchement, c'est impossible à décrypter, ni par les uns ni par les autres. Dire que c'est sans conséquences serait faire preuve d'un manque de réalisme absolu. Affirmer que les conséquences seront positives ou négatives sur elle, nul ne peut le dire, y compris elle-même pour l'instant", explique le père qui ajoute : "Oui, je me fais du souci pour elle, je le reconnais."
Roland-Garros, qui débute ce dimanche 26 mai, sera un gros test pour la numéro un tricolore et son père. L'occasion de voir si Marion a retrouvé son mental et son jeu ou si le retour au bercail n'est qu'un coup dans l'eau...