Purepeople : Comment se passe ton retour sur le tournage de Demain nous appartient ?
Marion Christmann : Ça se passe très bien ! On attendait ça avec grande impatience. On est très bien entouré, il y a beaucoup de précautions qui ont été mises en place par rapport au coronavirus, donc on est rassuré.
Qu'est-ce qui t'a le plus manqué pendant le confinement ?
Déjà, les copains ! Parce que finalement on est tous très très proches. Et puis on s'était arrêté en pleine intrigue. On avait envie de la terminer, de retrouver ces émotions-là. On a été arrêté en plein vol. On avait presque terminé. Mais il y a tout un "après" qu'on tourne maintenant et qui sera diffusé plus tard sur TF1.
Avec qui es-tu restée en contact durant cette pause ?
Beaucoup, beaucoup de collègues ! Je suis très proche de Solène Hebert [qui joue Victoire Lazzari, NDLR.] et de Kenza Saïb-Couton [Soraya]. Mais Ariane [Séguillon, qui incarne Christelle Moreno] m'a aussi beaucoup appelée par exemple. Mais il faudrait tous les citer ! Ces derniers temps, j'ai eu la chance de tourner avec plein de personnes différentes et ça se passe toujours super bien. On garde contact derrière, dans la vie personnelle. Je suis vraiment proche de tous mes partenaires de jeu.
Est-ce qu'il est compliqué de respecter les gestes barrières, spécialement pendant cette intrigue ?
On garde toujours nos masques jusqu'à la prise. Et puis on est tous testés, tout le temps si on a envie. Par sécurité, on le fait pour ne pas avoir de soucis. On peut le faire autant qu'on veut et on a les résultats dans la journée. Moi qui suis un peu hypocondriaque, ça me soulage ! Et puis on fait peu d'allers-retours par session, on est obligé de rester. C'est comme si on était confiné ensemble. Donc il n'y a pas de problème vis-à-vis de ces gestes entre nous.
Comment t'es-tu préparée à jouer cette scène de viol ?
J'ai regardé des documentaires pour savoir comment réagir. Pour comprendre la distanciation qu'on a après un choc émotionnel. Mais je n'ai pas tout préparé en amont, je voulais que ça reste spontané. J'ai vraiment fait confiance au moment, au lâcher-prise. J'ai surtout travaillé ma respiration. Puis c'était une période où j'étais très fatiguée, mes journées étaient chargées. Je me suis servie de ça. Tant pis si j'étais fatiguée, c'était utile le lendemain ! Et je travaillais en musique. Sur le tournage, je me mettais les écouteurs, toujours le même titre : une reprise très mélancolique des Magnolias de Claude François par Ben Mazué.
Quel souvenir gardes-tu de cette scène ?
On se laisse porter. Le partenaire très violent, les mouvements de va-et-vient... on ferme les yeux. Franchement, c'est comme si on y était. C'était assez fou de voir comment, en deux secondes, on peut réaliser à quel point c'est horrible. En tant que comédienne, je suis super reconnaissante qu'on ait pensé à moi pour cette intrigue. Après cette scène, je peux vous dire que je n'ai pas rigolé. Le lendemain, j'avais des courbatures. Tout mon corps était crispé.
Tu pleures, tu casses des objets. Est-ce que c'est éprouvant, émotionnellement ?
C'est vrai que je n'étais pas habituée à ce genre de jeu parce que je fais beaucoup de comédie. C'est pour ça que ça m'a fatiguée, que c'était assez dur à vivre. Mais j'aime qu'il y ait de l'action, c'est là tout l'intérêt du métier de comédienne. C'est d'aller chercher ces émotions. Ça me fatiguait, mais c'était parfait pour le rôle. Par contre, la scène où je casse tout, alors ça ! C'était un petit kiff. Ça m'a défoulée ! On l'a faite en une seule prise, avec le stress de respecter la chorégraphie... C'était trop bien à faire.
Est-ce que tu as ressenti une certaine pression à l'idée de porter cette intrigue ?
Je me suis beaucoup mis la pression pour être à la hauteur, pour que ça ne soit pas caricatural, qu'on puisse vraiment y croire. Je suis très sensible à cette cause-là, aux violences. Et par la suite, j'ai reçu beaucoup de témoignages, c'était assez fou. Des messages de téléspectateurs qui étaient à fond dans l'intrigue, justement. D'autres à qui c'était arrivé, mais aussi des gens que je connaissais qui m'avouaient qu'il l'avait vécu. Porter un message, ça fait partie de mon métier. Faire en sorte que les gens s'y retrouvent. La mission est accomplie.
Propos recueillis par Yohann Turi. Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.