Depuis la mort de son mari Georges Wolinski, Maryse affronte cette absence avec courage, tristesse et colère. Décédé dans l'attentat de Charlie Hebdo qui a coûté la vie à onze autres personnes le 7 janvier, le dessinateur a laissé un grand vide dans la vie de cette mère de famille qui mène sa propre enquête sur ce qui s'est passé ce jour-là, tout en tentant de faire son deuil en parallèle.
Ce mercredi 27 mai, Maryse Wolinski se rendra à Briançon, au lycée qu'avait fréquenté son époux dans sa jeunesse. Au cours d'une cérémonie hommage, une plaque portant son nom y sera dévoilée. "Georges avait toujours voulu m'emmener à la montagne, surtout l'été. Mais je résistais. Et aujourd'hui, c'est moi qui m'y déplace de mon plein gré. C'est une sacré journée qui s'annonce. Je vais devoir me reposer", confie-t-elle à cette occasion au site internet du Dauphiné Libéré. Et des hommages comme celui-ci, Maryse en a fait des dizaines depuis la mort de son époux.
"Je le fais pour Georges, explique-t-elle. Je suis contente pour lui. Je préfère lui rendre des hommages plutôt que d'aller chez un psy. Ca me fait du bien de découvrir la France sous cet angle-là." Des sollicitations qui l'auront conduite jusqu'en Tunisie, à Tunis, où son défunt mari a vu le jour. "C'était très émouvant", dit-elle en évoquant la cérémonie hommage organisée là-bas. Pour autant, la maman de l'unique enfant qu'elle a eu avec Georges Wolinski, Elsa, va "mal" : "Après 47 ans de vie commune avec un homme comme Georges, on peut difficilement se remettre d'une fin si brutale. Il était généreux, amoureux : je ne sais pas comment continuer à vivre sans son regard. Nous avions une vie facile, agréable, légère et aujourd'hui, tout me semble sombre et compliqué. Au quotidien, je fais comme s'il était parti en vacances... même si je sais qu'il ne reviendra plus. Je n'ai rien touché à l'appartement mais je ne vais pas pouvoir y rester. De toute façon, je n'en ai pas les moyens, je gagne beaucoup moins d'argent que Georges."
A tel point que Maryse, qui se débat avec des problèmes de succession et la lourdeur des démarches administratives à effectuer pour pouvoir "valoriser l'oeuvre de Georges", "mène [s]a petite enquête". Car selon elle, il existe "des zones d'ombre dans le déroulé des faits", comme l'acte de décès de Georges Wolinski signé à 11h30 alors que les frères Kouachi, auteurs de l'attentat et abattus quelques jours plus tard, ont pénétré les locaux de Charlie Hebdo à 11h33. "J'ai noté beaucoup d'incohérences, de différences entre les mesures de protection réelles à Charlie Hebdo et les préconisations de la préfecture de police (...) J'ai plein de questions à poser au juge d'instruction dans le cadre de ma contre-enquête", poursuit Maryse Wolinski, qui précise que cette enquête "journalistique" sera également l'objet d'un de ses prochains ouvrages.
Et Maryse Wolinski l'assure : si elle avait su que son époux était en danger, elle lui aurait "demandé de quitter Charlie Hebdo..."
Maryse Wolinski, une interview à retrouver dans son intégralité sur le site internet du Dauphiné Libéré