C'est une journée sombre pour le journalisme français. Jacques Amalric, ancien directeur de la rédaction de Libération, est mort le vendredi 4 juin 2021 à l'âge de 82 ans. Il avait fait les beaux jours de La Dépêche du Midi, du Monde, notamment en tant que correspondant depuis Washington et Moscou, avant de s'offrir une retraite paisible à Piana, en Corse, où il était installé avec sa seconde femme Isaline de Comarmond. Leur maison, avec vue sur le golfe de Porto, fut sa dernière demeure. Il laisse derrière lui les trois enfants qu'il a eu avec sa première épouse Nicole Zand : Judith, Alexandre et le comédien Mathieu Amalric.
Dans un vibrant portrait hommage accordé par Libération, Jacques Amalric est décrit comme un homme "bourru, parfois rugueux, volontiers provocateur, souvent ironique mais toujours exigeant pour traquer au-delà des poncifs toute la complexité du réel." Il avait le journalisme dans le sang et la retraite professionnelle ne pouvait rien y faire. Tous les matins, il allumait sa cigarette en se branchant sur France Inter, France Culture, France Info, RFI et la BBC. Il achetait aussi, dès l'aube, au tabac du village, Le Monde et Libération, les deux quotidiens qui marquèrent si fort son curriculum.
Il incarnait quelque chose de central en termes de déontologie du métier
Né en Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, Jacques Amalric avait étudié l'économie politique avant de trouver sa voie. "Je cherchais quelqu'un qui avait de la bouteille et une expérience internationale forte, se souvient Serge July, fondateur de Libération, qui l'avait embauché en 1993. Il incarnait quelque chose de central en termes de déontologie du métier." Au sein de la rédaction du journal Le Monde, il avait rempli auparavant les fonctions de reporter, de correspondant dans les postes les plus importants, d'éditorialiste et de chef de service. C'est un sacré vide qu'il laisse aujourd'hui, dans chaque équipe qu'il a composée comme sur l'île de beauté. Toutes nos condoléances à la famille.