Pourquoi chaque entretien de Mathieu Kassovitz regorge-t-il de déclarations chocs ? Parce que le réalisateur et acteur parle sans filtre, dit toute sa vérité, rien que sa vérité et va parfois jusqu'à jurer. Il se dit mauvais client pour la promo, à la différence d'un Jamel Debbouze ou d'un Benoît Poelvoorde. Évidemment, l'artiste ne vient pas parler pour faire rire les gens mais en les bousculant, il devient un héros parfait d'interviews, disant tout haut ce que certains pensent tout bas, ou provoquant dans le seul but de faire réfléchir son prochain. Que ce soit pour l'hebdo Télérama, le quotidien Le Parisien ou le magazine GQ, Kassovitz ne change pas de ligne de conduite. Extraits.
Le tweet où il enc... le cinéma français
"Ce n'est pas du mépris ! Je suis juste malheureux bordel ! À mes débuts, je n'ai jamais eu d'argent du CNC, le tampon de l'État qui te dit : 'Tu es dans la famille.'" (GQ)
"J'adore les bonnes critiques. (...) Et puis il y a le mec des Cahiers du cinéma, pour mon premier long métrage, Métisse, qui écrit : Un réalisateur sans avenir. Je suis allé le voir pour comprendre. Parce que c'est dur tout de même, 30 ans, débutant et en plein dans la gueule. On a pris un café et... il ne s'est rien passé. Le type était imperméable. Prétentieux. Je n'ai rien appris de lui." (Télérama)
Les films ratés
"Même De Niro, Brando ou Serrault ont tourné 50% de navets. Si je veux manger, je ne peux pas prétendre ne faire que des chefs-d'oeuvre." (GQ)
"Quand on voit le bateau commencer à sombrer, on est forcé de rigoler. Un film raté, ce n'est pas grave : ce n'est pas comme si mon fils allait mourir." (Télérama)
Le métier d'acteur
"C'est marrant de jouer grimé. Mais ce n'est pas difficile. Le métier d'acteur n'est pas dur physiquement, ceux qui disent le contraire sont des fainéants." (Le Parisien)
"Le bon comédien est celui qui dépasse ses rôles. (...) On est hyper bien payé, super entouré ! (...) Un acteur, c'est un mec payé dix fois plus que vous [réalisateur] et qui travaille dix fois moins. Et qui, en plus, va emballer les meufs !" (Télérama)
Ceux qu'il aime, ceux qu'il déteste
Il adore Jackie Chan et Steven Spielberg avec qui il a tourné dans Munich. Mais il a une dent contre Quentin Tarantino : "Lui fait des séries Z avec des budgets de séries A : je trouve ça dégueulasse. Depuis Reservoir Dogs, qu'il a complètement pompé d'ailleurs d'un film japonais, il n'a fait qu'exalter les choses les plus viles en l'homme." Léos Carax, il le déteste aussi et évoque un moment du tournage des Amants du Pont-Neuf : "Les dix premières minutes de son navet, en plus, il le tourne dans un centre avec de vrais clodos, qu'il ne paie pas bien entendu." (Télérama)
Il aime le film de Cédric Kahn, Vie sauvage, actuellement à l'affiche, mais pas le réalisateur : "Sur le tournage, des trucs m'ont cassé en deux", dit-il dans Télérama. Il raconte que le cinéaste ne voulait pas que son personnage change de vêtements, qu'il soit énervé tout le temps, et qu'il a refusé d'engager un assistant pour coacher l'acteur dans les scènes difficiles, arguant que 3000 euros, c'était trop alors que le budget du film est 4 millions d'euros.
Mathieu Kassovitz est actuellement à l'affiche de Vie sauvage et Un illustre inconnu. Il prépare activement la suite de La Haine, sorti il y a vingt ans et qui pourrait s'intituler L'Atterrissage.