Mathieu Kassovitz : ''Je ne suis plus vraiment fier d'être français''
Publié le 22 avril 2013 à 17:34
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Mathieu Kassovitz lors du Festival du film de Sarlat en novembre 2011 Mathieu Kassovitz lors du Festival du film de Sarlat en novembre 2011© Abaca
Mathieu Kassovitz s'est rendu aux César 2012 après avoir insulté une bonne partie du cinéma français
Mathieu Kassovitz posant avec son prix pour L'Ordre et la morale au festival du film de Sarlat le 12 novembre 2012
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Mathieu Kassovitz est un homme en colère. Il "enc*lait le cinéma français " (sauf Sylvie Testud, Michel Hazanavicius et quelques autres), des propos chocs qu'il a lancés l'an dernier du fait de la faible présence aux César 2012 de son film L'Ordre et la Morale, ambitieux projet qu'il a mis dix ans à concrétiser et qui n'a été nommé que pour le prix de la meilleure adaptation. Face au public, son long-métrage sur la prise en otages de trente gendarmes par un groupe d'indépendantistes kanak en 1988 sur l'île d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie ne déplace pas les foules puisqu'il attirera seulement 151 870 spectateurs. Un an plus tard, l'énervé Kasso s'est immiscé dans la polémique du salaire des acteurs, admettant qu'ils l'étaient souvent trop, tout en ajoutant qu'il voulait quitter la France, ce qu'il a fait puisqu'il s'est installé à Los Angeles. Et c'est en anglais, pour le quotidien britannique The Guardian, que le réalisateur-acteur revient à la charge.

Plus poli que dans d'autres interventions, Mathieu Kassovitz profite de la plume du journaliste de The Guardian Steve Rose, pour refaire une mise au point : "Je n'étais pas blessé parce qu'on ne voulait pas me donner un César [pour L'Ordre et la Morale en 2012], mais je l'étais parce qu'ils se fichaient désormais du genre de film que j'ai fait. C'est l'histoire française, c'est de l'art. On ne prend pas le public pour un con. C'est du grand spectacle. Et on me dit qu'on n'a pas besoin de films comme ça ? Qu'il vaut mieux des comédies ou des copiés-collés de films américains ?"

L'artiste place le débat au niveau du cinéma français et de la France : "Ce pays n'est plus très excitant, question cinéma. Je ne le trouve pas très sexy. Je ne suis pas stimulé par les autres réalisateurs, et j'ai besoin d'être mis au défi. Je suis très prétentieux ! Je suis comme mon travail, j'aime mes films, et je veux être surpris, je veux être étonné et je veux me prendre une claque quand je vais voir un film. Je ne veux pas m'ennuyer." Le réalisateur acclamé de La Haine il y a dix-huit ans, qui était alors présenté comme l'héritier de Truffaut et de Godard, fait le constat suivant : "On devait être la 'nouvelle' Nouvelle Vague. On devait être les nouveaux. Mais on ne l'a pas été." A qui la faute, demande le journaliste ? "Aux politiques, je pense. Je ne suis plus vraiment fier d'être français. Je l'étais quand j'ai fait La Haine, mais plus personne ne se bat. Personne ne va dans les rues. Tout le monde est paralysé. Et ce n'est pas pas bon parce qu'on va se diriger vers les extrémismes qu'on ne veut pas. Je crois que c'est vers ça que le France se dirige à présent, et je n'aime pas ça du tout. Ce n'est pas ce que nous étions."

Il aurait pu n'être qu'acteur, étant donné son talent et sa notoriété, qui a beaucoup augmenté avec ses rôles dans Un héros très discret et Amélie Poulain. Il aurait pu se contenter de ce confort : "Non, parce que je suis trop passionné. Je ne suis pas autant intéressé par le travail d'acteur que par celui de réalisateur." Il aurait pu être mannequin aussi, puisque offrir son visage pour Miracle, le parfum de Lancôme lui a permis de gagner un paquet d'argent, plus que n'importe quel film et de quoi lui permettre d'acheter une maison : "Parfois, c'est amusant de faire l'opposé de ce qu'on vient juste de dire," expliquera-t-il en riant. Mais non, Mathieu Kassovitz reste accroché à sa caméra. Dernièrement vu dans Le Guetteur, il développe deux films et une série télévisée pour la chaîne américaine HBO, sans en dire plus.

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