Si les talents de cinéaste de Mathieu Kassovitz peuvent prêter à discussion, ses qualités d'homme franc et de provocateur ne souffrent d'aucune contestation. Après avoir dérapé l'an dernier alors que son film était nommé une seule fois au César et avoir déclaré "j'enc*le le cinéma français", le marginal du cinéma tricolore a de nouveau frappé. Cette fois-ci, l'acteur a donné raison au producteur Vincent Maraval, en soutenant au passage ouvertement Gérard Depardieu, et a annoncé qu'il souhaitait également quitter le pays.
Invité d'Ali Baddou dans La Nouvelle Edition (Canal+) ce mardi 8 janvier, Mathieu Kassovitz a réagi avec virulence aux propos de Vincent Maraval, qui accusait les acteurs de toucher des cachets indécents. "Je suis extrêmement payé pour mes films" avoue-t-il sans demi-mesure. Mathieu Kassovitz, salué pour des films tels que La Haine – qu'il a réalisé – ou Amen et son interprétation poignante de jeune jésuite face au génocide des juifs, croit savoir que les acteurs "sont trop payés par rapport à plusieurs choses comme la rentabilité des films" mais pas forcément assez sur le nombre de jours travaillés.
Toujours sincère, Kassovitz explique : Les "raisons pour lesquelles on me le donne [son salaire], ce qui est étrange, ne sont pas liées à ma capacité de faire rentrer des gens dans la salle mais plus à ma capacité à amener les financiers dont les chaînes de télévision dans un film." L'argument de l'acteur dit 'bankable' n'entrerait donc pas en jeu, alors que l'acteur dénonce justement "un pays qui a enfermé le cinéma dans une espèce de copie conforme d'un modèle américain".
Un pays pour lequel l'acteur de 45 ans aurait donc du "du mal à continuer à travailler". Mathieu Kassovitz serait "en train d'essayer de dégager de ce pays comme Depardieu, mais pas pour les mêmes raisons". Pour celui qui dit "comprendre" les motivations de Gérard Depardieu quant à sa volonté de rendre son passeport français, pas de langue de bois : "Il fait ce qu'il veut. (...) Si je gagnais ça, au revoir !" Au préalable, Mathieu Kassovitz venait de préciser qu'il gagnait plus que le patron d'EDF en un mois.
Une nouvelle sortie médiatique qui risque de faire couler beaucoup d'encre alors que le cinéma français traverse une passe houleuse. En effet, en plus des cachets mirobolants et du système de financement inégal, le cinéma national n'affiche que 14% de films ayant réussi à rentabiliser lors de l'exercice 2012.