Sonotone, son single dévoilé début septembre, à fait l'effet d'une bombe. MC Solaar est enfin de retour, dix ans après la sortie de son dernier album, Chambre 7. Dans Le Figaro, le rappeur et poète, qui avait débuté sa carrière en 1991 avec Qui sème le vent récolte le tempo juste avant d'exploser avec le sublime Prose combat en 1994, revient sur cette retraite choisie qui, selon lui, a sans doute duré trop longtemps.
"Je m'étais dit que j'allais arrêter quatre ans, ce qui est énorme. À l'arrivée, je me suis arrêté huis ans [mais en continuant à participer aux Enfoirés, ndlr]. Pendant ce temps-là, j'ai vu dix réseaux sociaux débarquer, huit styles de rap arriver, des modèles économiques se succéder. J'ai pris conscience du temps aussi. (...) Je savais que j'allais refaire de la musique en ayant conscience de repartir un peu à zéro." Durant toutes ces années, MC Solaar s'est occupé de son épouse Chloé Bensemoun, nièce de la famille Partouche (propriétaire de plusieurs casinos en France et à l'étranger), et de leurs enfants : Roman né au printemps 2004 et Bonnie née en 2007. Il a aussi passé beaucoup de temps en Belgique, à faire de nombreux festivals en spectateur anonyme, à voyager dans de nombreux pays, à vivre la vie d'un "gamin de 20-25 ans", comme il le dit dans le dernier ELLE. "Mais je ne vivais pas au même rythme que les autres. Par exemple, les gens étaient moins libres que moi l'après-midi, remarque-t-il dans Le Figaro. Adolescent, je lisais des interviews d'artistes qui se plaignaient de ne pas avoir assez de temps. J'en ai profité, mais ça a duré trop longtemps."
Moi, j'étais encore sur le modèle de l'artiste qui doit se nourrir d'expériences pour se régénérer
De fait, MC Solaar admet : "Je n'aurais pas dû m'arrêter aussi longtemps..." À 48 ans, il s'avoue même en décalage par rapport à la nouvelle génération : "Moi, j'étais encore sur le modèle de l'artiste qui doit se nourrir d'expériences pour se régénérer. Mais, avec l'accélération des choses, je ne le conseille à personne." Son écriture a donc évolué. Il s'est observé dans ses premiers disques, puis le monde et désormais : "Je me vois comme un orientateur vers de bonnes vibes. (...) Avant j'avais plein de tiroirs dans mes textes, pour encourager les auditeurs à ouvrir un dictionnaire. Maintenant, avec internet, il me faut être plus complexe encore, chercher des références cheloues."
Encouragé par les admirateurs rencontrés dans la rue et ses amis, MC Solaar s'est donc attelé à l'écriture de Geopolitique, son huitième album. Dans ELLE, il raconte : "J'ai réalisé un jour que mon fils de 13 ans ne m'avait jamais vu travailler. Ça me semblait un peu limite." Le rappeur y remédie donc avec la sortie de cet album et une tournée qui débute également le 3 novembre.