Sur la lancée de leurs pas de danse endiablés – surtout ceux de la duchesse – en compagnie de danseuses du township de Nyanga, le prince Harry et Meghan Markle ont poursuivi au Cap la première journée de leur tournée officielle en Afrique, lundi 23 septembre 2019.
Arrivés le matin même avec leur fils Archie, 4 mois et demi, le duc et la duchesse de Sussex ont marqué une courte pause, le temps de déjeuner, entre leur rencontre avec l'association Justice Desk et la suite de leurs activités. Meghan en a profité pour se changer, abandonnant la robe à imprimé qu'elle portait – une pièce très abordable (75 euros) et très à propos puisqu'elle est l'oeuvre d'une créatrice du Malawi, Mayamiko Dalitso – pour ressortir la belle robe chemise bleue Veronica Beard qu'elle avait portée au royaume des Tonga lors de leur tournée dans le Pacifique à l'automne 2018.
Le couple s'est rendu à son deuxième engagement du jour dans le District Six afin de découvrir le musée qui y est dédié à l'expropriation de quelque 60 000 habitants du quartier lors de l'apartheid, dans les années 1970. À l'extérieur, curieux et admirateurs étaient présents en masse pour les accueillir dans une ambiance exubérante. Dans la foule, une joyeuse mamie de 81 ans qui était déjà là en 1947, âgée de 9 ans, lors de la première visite de la reine Elizabeth II (qui n'était à l'époque pas encore reine et n'avait elle-même que 21 ans), a voulu savoir où se trouvait Archie. Harry lui a répondu que son fils se reposait après l'éprouvant vol de nuit qu'ils venaient d'effectuer depuis le Royaume-Uni.
C'est important pour nous que Meghan soit métisse
Après l'effervescence, le silence s'est fait : dans l'ancienne église transformée en musée à la mémoire d'un épisode traumatisant de l'histoire du pays, le prince Harry et la duchesse Meghan se sont fait raconter comment plus de 60 000 habitants du District Six, issus de diverses communautés, se sont trouvés expulsés après le début de l'apartheid en 1966. Ils ont d'ailleurs rencontré certaines de ces personnes, qui leur ont montré avec émotion, sur une carte dessinée à même le sol, où se trouvait leur ancienne maison, démolie après qu'ils en eurent été chassés. Une autre a joué pour eux du piano, tandis qu'ils observaient une grande fresque murale.
"C'est très important pour nous tous que Meghan soit métisse. Elle comprend mieux ce qui nous est arrivé", a témoigné un homme de 52 ans qui a eu l'honneur de rencontrer le duc et la duchesse de Sussex. Plus tôt dans la journée, Meghan avait fait forte impression sur son auditoire, dans le township de Nyanga, en se présentant en "soeur" et en "femme de couleur", descendant du côté de sa mère Doria Ragland d'anciens esclaves.
Pour finir cette première journée en Afrique, Harry et son épouse ont pris part à un atelier de cuisine communautaire dans un foyer du quartier. Une activité avec laquelle ils étaient déjà familiarisés, étant donné que la duchesse est impliquée depuis un long moment auprès de Hubb Community Kitchen, une association du même type qui s'est créée à Londres après l'incendie de la tour Grenfell. Elle a d'ailleurs préfacé un livre de recettes (Together) publié par les femmes à l'origine de cette initiative Together, qu'elle a échangé contre un exemplaire de celui que les femmes de ce foyer sud-africain ont elles-mêmes réalisé.
Harry, lui, s'est régalé en goûtant les spécialités à chaque table, donnant notamment un satisfecit à la cuisinière d'un ragoût de mouton "délicieux" qu'il aurait volontiers "mangé en entier" s'il en avait eu le temps. Entre les sourires, il ne s'est toutefois pas éloigné du sujet central de la visite et, lorsqu'il demanda à un couple s'il serait capable de pardonner le gouvernement de l'apartheid, il a obtenu cette réponse : "Nous pouvons pardonner, mais nous ne pouvons pas oublier."