Quelques jours après l'arrestation par la police d'une vingtaine de personnes, l'enquête sur le meurtre d'Hélène Pastor (77 ans) et son chauffeur, tombés dans un guet-apens il y a presque deux mois, se poursuit avec les premiers aveux, ceux de son gendre. Selon le procureur de la République, confirmant ainsi les informations du Parisien et du Point, Wojciech Janowski, époux de Sylvia Pastor, qui jusqu'alors avait toujours nié être impliqué dans l'affaire, a "reconnu son implication" dans cet assassinat. "C'est bien le donneur d'ordre, même s'il édulcore sa participation", ajoute la source policière du Point. Sylvia Pastor a été libérée mercredi soir, sans aucune charge retenue contre elle. Selon la source du Parisien, "elle est sous le choc, c'est tout un monde qui s'écroule autour d'elle."
Un proche de l'affaire a expliqué au Parisien : "Il semble avoir attendu de voir ce que les policiers avaient précisément comme éléments à charge contre lui. Plusieurs témoignages font état de ses démarches pour recruter des hommes de main." Au lendemain de son arrestation et de celle de son épouse Sylvia Pastor, "uniquement pour les nécessités de l'enquête", le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, donnait une conférence de presse, dévoilant les grandes lignes des preuves à charge existant contre le gendre d'Hélène Pastor : des "flux financiers suspects" ont été "repérés" sur les comptes bancaires du consul honoraire de Pologne à Monaco. "Cela mérite des explications. (...) Des liens sont apparus avec deux individus que je peux qualifier d'intermédiaires en relation directe avec les deux suspects", précisait-il, ajoutant toutefois à l'époque qu'il n'y avait "aucune relation directe" entre le natif de Varsovie, au casier judiciaire vierge, et les deux exécuteurs du meurtre et qu'il était encore "trop tôt" pour le désigner comme le commanditaire. Dès le départ, le procureur avait donc de sérieux éléments pour établir sa culpabilité.
Un personnage charitable
Selon Le Parisien, Wojciech Janowski a sollicité son coach sportif pour trouver les intermédiaires, lesquels ont trouvé les tueurs. Ce quadragénaire est aussi entendu par la PJ de Nice depuis lundi, il aurait avoué avoir été en contact, à la demande du consul, avec "des intermédiaires" eux-mêmes liés aux deux meurtriers présumés d'origine comorienne, identifiés et arrêtés grâce notamment à la vidéosurveillance. Au Point, un enquêteur explique que Wojciech Janowski, une figure discrète et respectée à Monaco, est "un monsieur qui a une très haute opinion de lui-même. Il prépare sa stratégie de défense. Elle doit cadrer avec le personnage 'charitable' qu'il s'est fabriqué au fil des années." Autrement dit, "il tient à garder une image propre d'homme du gotha monégasque qui ne fréquente pas le genre d'individus qui ont mis son idée à exécution".
Pour éliminer Hélène Pastor, Wojciech Janowski aurait réuni la somme de 155 000 euros en liquide (Le Point) à la demande de son coach. Somme qui devait être partagée entre tous les intermédiaires, la moitié revenant aux exécuteurs. Au cours de leurs diverses perquisitions, la police n'aurait retrouvé que 40 000 euros. Reste à établir un mobile, dans Le Figaro, un haut fonctionnaire de police développe cette théorie : "Sylvia était follement amoureuse de Wojciech Janowski, qui puisait allègrement dans les quelque 500 000 euros de rentes que versait chaque mois Hélène Pastor à sa fille. Le concubin polonais lui promettait le mariage et a peut-être cru pouvoir toucher le jackpot en faisant disparaître la belle-mère pour profiter, à travers sa femme, d'un copieux héritage." Hélène Pastor est en effet à la tête d'un empire immobilier construit par son père, l'un des bâtisseurs de la grandeur de Monaco.
Le gendre et six autres suspects seront présentés devant les juges marseillais Christophe Perruaux et Christine Saunier-Ruellan, chargés de l'instruction, ce vendredi après-midi. Le procureur de la République devrait également tenir un point presse. Wojciech Janowski et tous les présumés protagonistes et noms cités dans ce dossier restent innocents des faits qui leur sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette triste affaire qui secoue le Rocher.