Le procès de Sabrina Kouider, 35 ans, et son compagnon, Ouissem Medouni, se poursuit devant la Cour criminelle de l'Old Bailey à Londres. Ce vendredi 4 mai 2018, la mère de famille française a une nouvelle fois démenti avoir torturé et tué Sophie Lionnet, la fille au pair de ses deux garçons, dont le corps carbonisé a été retrouvé le 20 septembre 2017 dans leur domicile du sud-ouest de la capitale britannique.
Dernier témoin de l'affaire appelé à témoigner, selon l'AFP, Sabrina Kouider a assuré que sa fille au pair "vivait comme une princesse" dans leur domicile de Londres et que c'était en fait elle qui était "l'esclave" de la maison puisqu'elle "cuisinait et nettoyait". "Je n'ai pas tué Sophie", a-t-elle martelé. "Je traitais bien Sophie. Je la respectais", a-t-elle dit, avançant avoir même été "trop gentille" et "trop généreuse" avec la jeune fille. Elle a reconnu uniquement l'avoir frappée avec un câble électrique à une reprise.
Sabrina Kouider a soutenu que la jeune nounou "aurait pu partir n'importe quand si elle le voulait. Elle avait de l'argent". Elle a assuré l'avoir payée 50 livres par semaine, plus des "extras" tels que des vêtements. Elle a alors attesté que Sophie Lionnet mentait à sa mère quand elle lui écrivait vouloir rentrer chez elle à Troyes, mais en être empêchée faute d'être payée par ses employeurs : "Elle était très, très heureuse. Elle ne voulait pas aller dans sa famille", a affirmé la mère de famille.
Une obsession pour la théorie du complot
Sabrina Kouider était persuadée que la victime avait comploté avec Mark Walton, père d'un de ses deux garçons et fondateur du boys band Boyzone, pour droguer et abuser sexuellement de sa famille. Pour la faire avouer, Ouissem Medouni et elle lui faisaient subir des interrogatoires musclés et enregistrés, le dernier, filmé, ayant été mené peu avant son décès. Des interrogatoires qui auraient duré pendant six semaines.
"Peut-être essayez-vous de protéger Mark Walton. Oui, vous essayez de protéger Mark Walton", aurait-elle lancé à Richard Horwell, le procureur menant l'interrogatoire, accusant aussi la police de n'avoir pas agi. Interrompant régulièrement le procureur, Sabrina Kouider s'est énervée, haussant le ton et s'exprimant d'une voix tremblante et saccadée, parfois ponctuée de pleurs. "Sophie, elle me rendait folle!", a-t-elle fini par lâcher.
Le procès, commencé le 19 mars dernier, se poursuivra mardi 8 mai. Les accusés Sabrina Kouider et Ouissem Medouni s'accusent mutuellement du meurtre de leur fille au pair et risquent la perpétuité.