Une lourde décision a été prise, laissant la famille de la défunte Sophie Toscan du Plantier sous le choc. La Cour suprême irlandaise a refusé, le 1er mars, l'extradition vers la France de Ian Bailey, soupçonné de l'assassinat en 1996 de l'épouse du producteur Daniel Toscan du Plantier (lui-même mort en 2003), à l'âge de 39 ans.
C'est un juge d'instruction français qui avait émis en 2010 un mandat d'arrêt européen afin de pouvoir interroger ce citoyen anglais de 55 ans, journaliste et principal suspect dans le meurtre de cette femme. Un drame qui était survenu le 23 décembre 1996 dans le sud-ouest de l'Irlande, dans le comté de Cork. Au mois de mars 2011, la Haute Cour de Dublin avait accepté l'extradition, une décision contre laquelle Ian Bailey, qui clame son innocence depuis le début de l'affaire, a fait appel. Lorsqu'il a appris la décision de justice de ne pas l'extrader, il a remercié sa compagne et ses avocats, ne mentionnant à aucun moment la famille de la victime.
Pour maître Alain Spilliaert, avocat de la famille de Sophie Toscan du Plantier, la plus haute instance judiciaire irlandaise, qui examinait l'appel, a justifié sa décision par le fait qu'une instruction étant en cours en France, où le renvoi de M. Bailey devant une cour d'assises n'est pas certain. En effet, "une enquête initiée par les policiers français se prolongerait" et il ne serait pas immédiatement jugé en France. "Ce que n'autorise pas la loi irlandaise", lit-on dans Le Figaro. Il s'agit d'une décision basée strictement sur des textes juridiques, et non sur le fond de l'affaire, estime le quotien.
"La décision de la Cour suprême d'Irlande est une très mauvaise nouvelle, à laquelle nous nous attendions d'autant moins que celle de la Haute Cour de Dublin, favorable l'an dernier à l'extradition de M. Bailey, était très motivée, a déclaré au Monde Me Spilliaert. Cela va encore retarder la procédure."
Désormais étudiant en droit, Ian Bailey était journaliste pigiste à l'époque des faits. Les soupçons pèsent sur lui dès le début : il était arrivé très tôt sur les lieux du crime et une femme avait déclaré sous serment l'avoir croisé. Pour se rétracter ensuite. Le suspect a été interpellé plusieurs fois par la police irlandaise, sans jamais être poursuivi en Irlande.
Quelle suite pour cette affaire non élucidée après plus de quinze années ? L'enquête pourrait aboutir à un procès d'assises en France où, en son absence, Ian Bailey pourrait être condamné par défaut. Dans ce cas, "une nouvelle demande d'extradition pourrait être effectuée auprès des autorités irlandaises sur la base de la décision de la cour d'assises," ajoute Le Monde. Un rebondissement n'est pas exclu et l'enquête en Irlande n'est pas close. Suffisamment d'éléments pour que les proches de Sophie Toscan du Plantier ne perdent pas espoir quant au dénouement.