Une semaine après son terrible accident de ski, Michael Schumacher est toujours plongé dans un coma artificiel. Et la lutte semble s'être déplacée du champ médical au champ judiciaire. Deux camps s'affrontent en effet sur les circonstances du drame. En jeu, des assurances au montant astronomique.
La mise au point du clan Schumacher
Exaspéré par les rumeurs et les informations qui sortent dans la presse chaque jour, le clan Schumacher a décidé ce samedi 4 janvier de mettre les choses au point par l'intermédiaire de l'attachée de presse de Schumi, Sabine Kehm. A l'heure actuelle, Michael Schumacher est toujours dans un état "critique", mais "stable", victime d'un traumatisme crânien après que sa tête ait heurté un rocher du côté de Méribel le 29 décembre dernier. "Toute information concernant la santé de Michael qui ne provient pas des médecins le traitant ou de son management doit être traitée comme non valide et pure spéculation", a-t-elle ainsi ajouté, précisant qu'il n'y aurait plus de point santé avant au mieux lundi.
Par ailleurs, Sabine Kehm a tenu à préciser que la fameuse caméra que portait Schumi lors de l'accident avait été "volontairement remise par la famille aux autorités chargées de l'instruction". Cette caméra GoPro fixée sur le casque de Michael Schumacher pourrait être un élément décisif pour déterminer les circonstances de la chute du septuple champion du monde de Formule 1. Une caméra que la famille n'était pas obligée de fournir aux enquêteurs, puisqu'il ne s'agit pas d'une procédure criminelle. Cependant, le fait que la famille garde la caméra a été l'objet de beaucoup de spéculations. Et en premier lieu : l'entourage de Schumi aurait visionné les images afin de déterminer s'il n'y avait rien de préjudiciable pour le pilote et ses assurances.
Une enquête, deux théories
Car c'est bien là l'enjeu de l'enquête, qui devra déterminer à qui incombe la responsabilité du drame. D'un côté, les experts de la station de Méribel qui évoque "la cinétique", soit la vitesse, de Michael Schumacher pour expliquer que son casque se soit fendu en deux, thèse également avancée par les médecins du CHU de Grenoble lors de leur conférence de presse du 31 décembre. De l'autre, l'entourage de Michael Schumacher par la voix de Sabine Kehm qui indiquait mardi 31 décembre que la vitesse n'était pas en cause, et donnait alors déjà quelques précisions quant à la chute. Des précisions qu'elle aurait pu tenir du visionnage des images de cette fameuse caméra. Pour elle, l'histoire est simple : Michael Schumacher a souhaité apporter son aide à une jeune fille, une amie de son fils Mick entendu par les enquêteurs, dans le secteur non balisé situé entre les pistes de La Biche et du Mauduit, et il aurait perdu l'équilibre en butant sur une pierre dissimulée par la poudreuse.
Nouvelle vidéo
Les gendarmes du peloton de haute montagne de Bourg-Saint-Maurice, en charge de l'enquête avec la brigade de recherche de Chambéry, pourront également, s'ils le souhaitent, visionner une autre vidéo de l'accident. Selon le JDD, un steward d'une compagnie aérienne vivant à Essen en Allemagne aurait enregistré le drame. Il filmait alors sa compagne à l'aide de son smartphone, lorsqu'en arrière plan, on aperçoit un skieur chuter sur une piste non balisée. L'heure et le lieu semblent indiquer qu'il s'agirait bien de Michael Schumacher. "Il est arrivé lentement. Il skiait à 20 km/h, pas plus", confie ce témoin qui dit se tenir à disposition du procureur d'Albertville dans les colonnes de Der Spiegel à paraitre demain.
Pourquoi une telle bataille autour des circonstances de la chute de Michael Schumacher ? Pour établir les responsabilités des uns et des autres. Car l'Allemand qui a fêté ses 45 ans depuis son coma et sa chambre du CHU de Grenoble possède une fortune estimée à 700 millions d'euros. Et les sommes évoquées pour les assurances sont donc colossales. Ces dernières ont tout intérêt à ce que la responsabilité de l'ancien pilote soit engagée. Comme la famille a tout intérêt à ce que la responsabilité d'un tiers le soit. Manque de balisage de cette zone hors piste, fragilité du casque qui s'est brisé en deux, ski de location dont la fixation ne s'est pas ouverte au moment de la chute, vitesse excessive de Schumi dans une zone hors piste... Les enquêteurs auront la lourde charge de déterminer les responsabilités des uns et des autres.
En attendant, la station de Méribel a confié le dossier à son avocat, Me Maurice Bodecher, spécialiste en droit du ski à Albertville...