Les planches du théâtre Hébertot ont l'honneur d'être foulées par le grand Michel Bouquet. À 90 ans, il remonte sur scène et reprend son rôle dans la pièce À tort et à raison, de Ronald Harwood, mise en scène par Georges Weller.
À l'AFP, Michel Bouquet clame qu'il n'arrêtera jamais le théâtre : "Pourquoi arrêter ?" Tout en avouant être fatigué - il a connu récemment des problèmes de santé : "Mais je ne peux pas m'en empêcher." C'est d'ailleurs sur scène qu'il a fêté son bel âge, le 6 novembre, au théâtre d'Angers, où il était pour la tournée de ce spectacle. "Je l'avais déjà jouée il y a vingt ans avec Claude Brasseur à Montparnasse", se souvient-il. Dans cette pièce, il joue avec son épouse depuis plus de cinquante ans, Juliette Carré. Ils jouaient déjà ensemble dans Le Roi se meurt d'Ionesco.
Le comédien, qui a travaillé les textes des plus grands auteurs - Jean Anouilh, Harold Pinter, qu'il a connus -, se souvient de ces hommes de lettres qu'il a pu côtoyer, comme il le confie au Figaro : "Camus était un camarade. J'ai grandi avec Anouilh. Ionesco était très touchant. Il est mort alors que nous étions en tournée. Rentré à Paris, j'ai trouvé un message qu'il m'avait laissé le matin même. 'Comment va ta mère ?' me demandait-il. Il savait qu'elle avait 102 ans... Ça l'intéressait car, tout croyant qu'il était, Eugène Ionesco craignait l'après... Pinter était un jaguar.... Je n'ai pas connu Thomas Bernhard, celui dont je me sens le plus proche." Mais c'est Molière qu'il admire le plus. Au cinéma, il était à l'affiche de L'Antiquaire au mois de mars, mais n'abordera pas le sujet. Quand il doit citer ses réalisateurs favoris, il donne à l'AFP les noms de Friedrich Wilhelm Murnau et Erich von Stroheim.
La génération de mes petits-enfants était visée par les attentats
Artiste passionné mais homme discret, Michel Bouquet acceptera de parler pour Le Figaro de ses petits-enfants : "Jules, qui a 26 ans, est caméraman ; Vincent, 21 ans, a une émission sur la cuisine à la télévision ; Marie, 26 ans elle aussi, est cantatrice. Ils ont été très frappés par les attentats [du 13 novembre]. Leur génération était visée."
L'histoire de la pièce A tort et à raison : En 1946, à Berlin, le commandant américain Steve Arnold se retrouve face au célèbre chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler. Ce dernier se voit reprocher d'avoir continué de diriger la Philharmonie durant le régime hitlérien et échangé une poignée de mains avec le dictateur. Le commandant va enfin poser "la question" à laquelle Furtwängler n'a jamais su répondre clairement. Il est bien décidé à mettre au grand jour sa culpabilité...
À tort et à raison, au théâtre Hébertot à Paris, à partir du 23 décembre