Michelle Obama, Reese Witherspoon, Cher, Alyssa Milano ou encore Olivia Munn... De nombreuses personnalités ont pris position depuis les révélations explosives sur la Cour suprême des Etats-Unis, qui semble prête à renvoyer le droit à l'avortement 50 ans en arrière. Elles ont poussé mardi 3 mai 2022 le président Joe Biden à battre le rappel d'une gauche en état de choc.
Sa vice-présidente Kamala Harris a fait un discours puissant pour dénoncer ce que le parti républicain prépare depuis des années en revenant sur le droit d'avorter, en enterrant l'arrêt "Roe v. Wade" de 1973, qui protège le droit des Américaines à interrompre leur grossesse. L'influente sénatrice démocrate Elizabeth Warren est apparue plus qu'en colère dans une vidéo qui a fait le tour d'Internet. Elle est descendue dans la rue à Washington pour manifester. "Les femmes aisées peuvent prendre l'avion et se rendre dans un État où l'avortement est légal. Elles peuvent quitter le pays. Ce sont les femmes les plus pauvres qui seront les plus durement touchées. Cela va être d'autant plus dur pour les femmes maltraitées, les femmes qui ont été violées [...] les femmes qui cumulent déjà deux emplois pour s'occuper de leurs enfants. Cette Cour suprême vient de dire qu'elle s'en fichait", a-t-elle crié devant les médias.
Barack et Michelle Obama ont quant à eux publié une longue tribune pour rappeler l'importance de ce droit et la nécessité de se battre pour le faire durer face aux menaces qui pèsent sur lui et donc sur la liberté des femmes.
Une prise de positions soutenues par de nombreuses stars du continent américain. L'actrice oscarisée Reese Witherspoon a exhorté les sénateurs de ne pas toucher à un droit qui est acquis, tandis que sa consoeur Alyssa Milano a publié une vidéo explicative sur l'histoire du droit à l'avortement aux Etats-Unis. L'icône de la musique Cher a publié une série de tweets pour montrer sa colère et a retweeté un message puissant qui reprend un visuel de la série dystopique The Handmaid's Tale : "Chers républicains, The Handmaid's Tale est sensé être un avertissement, pas une ligne de conduite à suivre !"
Le site Politico a provoqué une déflagration politique lundi 2 mai 2022 au soir en révélant, sur la base d'une fuite inédite d'un document interne, qu'une majorité des juges de la Cour suprême étaient prêts à enterrer l'arrêt "Roe v. Wade" de 1973, qui protège le droit des Américaines à interrompre leur grossesse.
La Cour suprême a confirmé l'authenticité du texte, un projet d'arrêt daté de février, tout en soulignant qu'il ne représentait pas une décision "finale", attendue avec fièvre. Si la Cour devait l'adopter, chacun des 50 Etats américains retrouverait le droit d'interdire l'avortement sur son sol et une moitié d'entre eux, principalement dans le Sud et le Centre conservateur et religieux, devraient emprunter cette voie. Les gouverneurs républicains du Tennessee et du Dakota du Sud ont signalé lundi qu'ils ne tarderaient pas. La veille, des gouverneurs démocrates de plusieurs Etats dont la Californie, le Nouveau-Mexique et le Michigan, avaient au contraire annoncé vouloir consacrer la légalité du droit à l'avortement même si la Cour annulait "Roe v. Wade".
Les neuf sages ont examiné en décembre une loi du Mississippi qui ramène le délai pour avorter à 15 semaines de grossesse contre deux trimestres selon le cadre fixé par la haute Cour. Lors de l'audience, plusieurs d'entre eux ont fait comprendre qu'ils comptaient profiter de ce dossier pour détricoter ou tout bonnement annuler l'arrêt "Roe v. Wade". Selon Politico, cinq se sont ensuite ralliés à cette seconde option. "Si l'argumentaire de la décision, tel qu'il a été publié, est confirmé, toute une série d'autres droits seraient en question", a déclaré Joe Biden, en évoquant le droit à la contraception ou le mariage des homosexuels.