Deux hémorragies cérébrales, un long coma, une crise cardiaque... Mireille Darc semblait perdue mais, impressionnante de soif de vivre, a survécu. En ce mercredi 29 mars 2017 où l'hebdomadaire Paris-Match a publié le témoignage bouleversant de son mari l'architecte Pascal Desprez ainsi que des photos de la miraculée à la force morale hors du commun, elle-même a donné de ses nouvelles dans un entretien que Marc-Olivier Fogiel est allé enregistrer chez elle, dans son salon transformé en centre de rééducation.
"Je vais bien, je vais très, très bien. J'ai repris goût à la vie, j'ai repris goût au bonheur aussi. Je n'étais pas inquiète, je savais que ça allait aller bien", assure-t-elle notamment au cours de cette conversation diffusée dans l'émission RTL Soir qu'anime le journaliste. Comme son corps, délesté de 6 kilos, la voix de Mireille Darc, 78 ans, a changé "un peu" - "pas beaucoup", souligne-t-elle -, mais sa détermination et sa sérénité semblent, elles, inaliénables : "Je savais qu'il y avait toujours une forme d'espoir derrière qui allait remettre les choses en place. Je me disais : "C'est pas possible, ma vie ne peut pas se terminer comme ça"."
Et c'est avec beaucoup de candeur, entre deux séances pour réapprendre à marcher, qu'elle évoque son "retour à la vie" et le soutien sans faille de son époux : "Je n'ai pas fait d'AVC, je n'ai pas fait de chose dramatique. Des choses difficiles, mais pas dramatiques, arrive-t-elle à relativiser. J'ai eu un problème au cerveau, à un moment donné je n'étais plus vivante. Je n'arrivais pas à aller de l'avant, à revivre. Ça m'a fait très très peur (...) Mon mari a été formidable, il a été là, il ne m'a pas lâché la main. Je crois que Pascal y a toujours cru. A ce moment-là, moi aussi j'y crois. Je savais au fond de moi que les choses ne s'arrêtaient pas, que c'étaient des passages où la vie restait en suspens."
Chez elle, elle se sent sereine et respire l'optimisme, pas comme l'hôpital. De ses longs moments passés à Pompidou, Bizet et Sainte-Anne, elle garde un souvenir très pénible : "C'est pas drôle du tout, on est dans des chambres et on se rend compte que c'est pas très gai. On n'est pas grand-chose, on vous le dit. On vous dit : "Mangez, parce que vous n'avez peut-être pas pour longtemps à vivre. Il faut que vous fassiez du sport." Comment faire quand on ne peut pas ?", relate-t-elle. Heureusement, son grand ami Alain Delon, tout comme son fils Anthony, "ont été très présents" et ont su la faire rire : "Ils se sont amusés avec moi. Ils n'ont jamais voulu croire que ma vie était terminée. Alain me disait : "C'est bien, je vais connaître quelqu'un qui va mourir après moi." Il s'est moqué de moi tout le temps, gentiment, pour me pousser."
Je ne veux pas avoir peur
Mireille Darc a pleinement conscience de là où elle revient, et c'est la raison pour laquelle elle savoure tant d'être tout simplement vivante. Sans aucune séquelle, exception faite de cette jambe gauche "qui ne marche pas" (mais "c'est fort possible qu'elle remarche, je pense que oui", ajoute-t-elle, décidément optimiste), d'où l'étonnante affection qu'elle porte à sa canne, son accessoire indispensable : "Elle est belle, elle est superbe, elle m'aide à être vivante, à me tenir debout, à être heureuse de l'avoir." Elle ne manquera pas de l'accompagner en juillet prochain à l'Ile Maurice, un voyage - et, avec lui, "le bonheur de pouvoir aller quelque part" - vers lequel la grande actrice se projette déjà. "Je ne suis pas là pour tirer des leçons, je suis là pour avoir la force de continuer et de ne pas avoir peur, revendique-t-elle cranement. La peur est la chose qui vous bloque dans la vie. Moi, je ne veux pas avoir peur, je veux pouvoir avancer sereinement."
A l'envers de la peur, Mireille Darc n'aspire en fait qu'à vivre, tout simplement. Une vie qui a pris un tout autre relief à la suite de cet épisode : "Je pense à la mort d'une autre manière maintenant : je pense que je peux vivre d'une autre façon. Ne pas être à la recherche à tout prix d'une vie après la mort. Quelque chose de plus profond, de plus simple peut-être. Pour se donner des départs encore plus flamboyants. Je suis apaisée, je suis bien dans ma tête."
Mireille Darc interviewée par Marc-Olivier Fogiel, un entretien à retrouver en intégralité sur le site de la station RTL.