C'était il y a un an. Le 9 mars 2015, Florence Arthaud mourait lors du terrible accident d'hélicoptères survenu sur le tournage de Dropped en Argentine. Depuis, comme la plupart des familles des autres victimes, ses proches tentent de se battre pour que les responsables assument les conséquences en termes de réparation. En première ligne, son frère, Hubert Arthaud. Dans l'ombre, Anne-Marie Arthaud, la mère de la petite fiancée d'Atlantique, souffre en silence. Elle a accordé son premier entretien à nos confrères de Paris Match.
À 85 ans, elle est la dernière occupante de cette maison du 16e arrondissement de Paris qui a vu grandir les siens. Elle a tenu, malgré le chagrin, à choisir les photos de sa fille qu'elle donnerait à Paris Match. Cloîtrée chez elle depuis le drame, elle ne sort plus et ne s'habille plus, ne voyant pas pour qui elle le ferait. "La douleur est présente chaque jour", confie-t-elle. Elle se souvient comme si c'était hier de ce moment où elle a appris l'épouvantable nouvelle. En regardant la télévision à 5h du matin, elle a découvert le visage de sa fille. Le reportage n'évoquait alors qu'un accident, lui laissant un espoir. "Mon fils Hubert, qui connaît la vérité depuis deux heures, me ménage un peu de sursis et demande à notre entourage de ne rien me dire, raconte Anne-Marie Arthaud. À 7h, c'est lui qui m'appelle. Sous le choc, je ne réalise pas."
La mort n'était pas passée loin
Un cauchemar devenu réalité qui depuis la hante quotidiennement. Mais qui ne l'empêche pas de replonger dans ses bons souvenirs. "Ma fille a découvert la mer dans mon ventre, explique-t-elle. Enceinte, je faisais beaucoup de bateau et du ski nautique." Enfant, Florence était très vivante, avec le goût des sensations fortes, se souvient sa maman. La future navigatrice avait même frôlé la mort alors qu'elle n'avait que 17 ans : elle était sortie d'un accident de voiture avec une fracture du crâne et des hématomes au cerveau. Elle était défigurée et paralysée. "La mort n'était pas passée loin."
Florence Arthaud était une vraie force de la nature. Son plaisir était de faire plaisir aux autres. Maman de Marie, aujourd'hui âgée de 22 ans, elle était pour elle aussi aimante qu'absente, prise qu'elle était par sa passion. Elle avait le goût des autres, c'est ce que sa mère tient à mettre en avant. Aujourd'hui, Anne-Marie conserve d'ailleurs les cendres de sa fille dans sa chambre. "Je les ai réunies avec celles de mon fils aîné, disparu en 2001. Comme mon mari est mort quelques semaines avant Florence et que je suis croyante, je les imagine heureux tous les trois, là-haut, buvant des coups en riant."
Dans cette tragédie, elle peut heureusement compter sur son dernier fils : "Hubert se bat pour qu'aucune mère ne ressente ce que j'ai éprouvé à ce moment-là." Il tient ALP, société de production, pour responsable et compte bien le prouver. Pour lui, "on s'aperçoit que pour économiser environ 100 000 euros, on a sacrifié dix vies humaines". Il assure qu'aucune sécurité au sol n'était prévue et que les pompiers, une fois avertis, ont mis des heures à arriver sur place. Il veut dénoncer les pratiques d'une télévision qu'il estime irresponsable. Tout comme lui, la famille Vastine se bat aussi. Notamment la soeur d'Alexis Vastine, Cassie. Julien Magne, producteur de l'émission, réfute ces accusations, mais leur combat n'est pas terminé. Hubert Arthaud est déterminé : "J'irai jusqu'au bout pour que plus jamais des affairistes incompétents, dépourvus de toute humanité, puissent mettre en péril la vie d'autrui."