Le journaliste et homme politique Georges Fillioud est mort le 15 septembre à 82 ans d'un cancer, laissant ses proches, dont son épouse Danièle Evenou, qu'il avait épousée en 1996 et qui ensoleillait sa vie, totalement dévastée. L'actrice et les siens seront présents au cimetière du Père-Lachaise à Paris mercredi 21 septembre à 15h, pour son inhumation. Sa disparition provoque une immense tristesse, lui qui laisse derrière lui un parcours fascinant qui a marqué l'histoire de l'audiovisuel.
Né à Lyon le 7 juillet 1929, il est diplômé de droit et du Centre de Formation des Journalistes, ce qui lui permet d'entamer sa carrière comme reporter à Europe 1, pour devenir plus tard rédacteur en chef-adjoint en 1966. Sa gloire au sein de cette radio prend fin quand, pour avoir signé un manifeste en faveur de l'union des gauches, il est interdit d'antenne. Homme de conviction, il savait écouter mais pouvait également s'affirmer sans mal pour appuyer ses idées.
La politique l'envahit quand il se rallie à François Mitterrand, avant d'être élu député socialiste de la Drôme en 1967, où il sera réélu régulièrement jusqu'en 1981 sous l'étiquette du PS. Chargé des questions de communication au PS, il a notamment dirigé le service de presse de Mitterrand à la présidentielle de 1974, lit-on dans l'AFP.
Georges Fillioud réunit audiovisuel et politique quand, à la fin des années 1970 et l'époque des radios libres "pirates" à l'heure du monopole d'Etat, Radio Riposte (celle du PS), voit la saisie de son émetteur et l'interpellation des dirigeants socialistes d'alors, parmi lesquels François Mitterrand et lui-même. Quant Mitterrand est élu en 1981, Georges Fillioud, nommé secrétaire d'Etat à la Communication dans le gouvernement Mauroy, présente alors une loi désormais célèbre qui proclame que la "communication audiovisuelle est libre". Il siègera dans les gouvernements Mauroy et Fabius de 1981 à 1986.
Le lancement de Canal+, dont il a trouvé le nom, l'arrivée de nouvelles chaînes aux destins divers, la Cinq de Jérôme Seydoux et Silvio Berlusconi, qui disparaîtra fin 1989, et Métropole Télévision qui deviendra M6 : autant d'événements du PAF qui sont associés à la carrière de Georges Fillioud. Par ailleurs, il a également été de 1990 à 1994 président de l'Institut national de l'audiovisuel (INA) et, à ce titre, administrateur de l'Agence France-Presse.
Frédéric Mitterrand et Jack Lang, actuel et ancien ministres de la Culture et de la Communication n'ont pas manqué de faire savoir leur émotion face à l'annonce de la disparition de Georges Fillioud. Pour monsieur Mitterrand, il "portait fièrement le devenir de l'audiovisuel" et "incarnait "l'homme éternellement neuf qu'il était et avait su rester, avec infiniment de charme et d'imagination". Pour Jack Lang, M. Fillioud "incarnera à jamais la libération audiovisuelle dont François Mitterrand aura été l'inspirateur".Dans un article-hommage publié par nos confrères de Puremédias, son ami Jacques Sanchez était revenu avec admiration sur ce qu'il avait accompli : "Merci à toi mon cher Georges pour tous ces moments délicieux passés ensemble. Merci pour ton enthousiasme, ta culture et ton humour."
Avec un tel parcours, les Mémoires des deux rives que Georges Fillioud a publié en 2008, et qui compile cinquante ans de rencontres, de portraits et d'anecdotes autour de ses deux passions: l'information et la politique, se lisent avec fascination et plaisir. L'audiovisuel français lui doit beaucoup...