Mort de Jean-Luc Delarue: Ses mémoires, livre explosif au coeur de son désespoir

En septembre 2010, quelques jours après son arrestation en possession de cocaïne, Jean-Luc Delarue, qui est mort le vendredi 24 août, donnait une poignante interview au magazine Gala. Dans cet entretien, l'animateur et producteur confiait avoir été fragilisé par la rédaction de ses mémoires restée inachevée. Des mémoires qui auraient dû être publiées par son ami Léo Scheer. Le Journal du Dimanche revient ce jour sur ce manuscrit explosif...

C'est en 2009 que Jean-Luc Delarue entreprend l'écriture d'un texte autobiographique dans lequel il ne cache rien des dessous de la télévision, règle ses comptes et met à jour ses blessures d'enfance. Régulièrement, il se rendait chez son éditeur pour lire ce qu'il venait d'écrire. Il n'existe qu'un exemplaire du manuscrit, une centaine de pages écrites à la main, et Jean-Luc Delarue refusait toute photocopie ou envoi par e-mail. Un manuscrit explosif si l'on en croît un proche, qui s'exprime dans le JDD : "La seule autocritique qu'il s'autorisait concernait ses réactions impulsives, ses déséquilibres et bouffées d'agressivité. Le livre aurait eu l'impact d'une véritable bombe éditoriale. On peut parler de règlements de compte avec les dirigeants du service public depuis [Jean-Pierre] Elkabach jusqu'à ceux d'aujourd'hui. Il racontait de façon sèche ses conflits, sur un ton incisif, parfois avec humour au fil de retranscription de dialogues." Jean-Luc Delarue avait conscience de la portée d'un tel livre, mais il aurait déclaré n'avoir plus rien à perdre...

C'est en tout cas dans la douleur et avec l'aide de la cocaïne, qu'il est allé à la rencontre de sa propre histoire. Violences familiales lorsqu'il était bébé, divorce de ses parents alors qu'il n'a que six ans, rapport difficile avec son père Jean-Claude Delarue, aujourd'hui bouleversé par son décès, etc... Jean-Luc Delarue remontait la source de son propre désespoir. À l'époque, il confiait au magazine Gala que la drogue lui "permettait de trouver l'énergie pour écrire la nuit, mais aussi de rendre cette recherche personnelle supportable." Un témoin des séances de lecture chez l'éditeur raconte que ce manuscrit dresse le portrait d'un "homme écorché vif, émotif et blessé, loin de son profil de gendre idéal". "Le livre aurait rencontré un grand succès s'il était allé au bout..." Ce projet de livre reste donc inachevé. Jean-Luc Delarue est rattrapé par un cancer de l'estomac qui l'emporte dans la nuit du 23 au 24 août.