Mardi 27 juin, un drame s'est produit. Nahel, jeune homme de 17 ans, est mort. Il était au volant d'une voiture à Nanterre, sans permis de conduire, et lors d'un contrôle il a été tué par un policier après un refus d'obtempérer. Des images insoutenables ont été dévoilées et de nombreuses émeutes ont eu lieu un peu partout en France. Le policier, lui, est mis en examen pour homicide volontaire et a été incarcéré à la prison de la Santé, à Paris. Le Parisien vient de dévoiler un compte rendu des déclarations en garde à vue du brigadier de 38 ans.
Selon les dires de Florian M, quelques heures après les faits et après avoir subi un examen psychiatrique, il ne voulait pas tuer le jeune adolescent. Il en était à son 9e jour de travail consécutif et ce jour-là, au petit matin, avec son collègue, il a repéré une Mercedes "dont le moteur vrombissait et qui circulait dans la voie de bus". Sur leur moto, ils s'approchent alors de la voiture, allument leurs gyrophares et demandent au conducteur et aux deux passagers de se ranger sur le côté pour procéder à un contrôle. Nahel est alors reparti "à pleine vitesse". Selon le collègue de Florian M., Nahel serait allé jusqu'à 80 ou 100 km/h.
Finalement les policiers retrouvent la voiture bloquée dans des bouchons. Florian M. se place au niveau du pare-brise et sort son arme. Il se met alors en "tir fichant" - c'est est un tir pour lequel la balle doit obligatoirement se ficher dans le sol à une distance très courte. Il aurait alors crié à Nahel de couper le contact et tapé plusieurs fois contre le pare-brise pour "attirer l'attention du conducteur". C'est là que tout vrille.
Florian M. est à ce moment persuadé de voir son collègue passer "le haut de son corps dans l'habitacle, vraisemblablement pour essayer de maîtriser le conducteur ou pour tenter d'appuyer sur le bouton stop du contact " et affirme avoir eu l'impression que Nahel "avait fait avancer et reculer le véhicule". Florian M., "un peu poussé", s'est senti en danger et a craint pour son coéquipier que l'adolescent l'embarque dans sa fuite. C'est là qu'il tire.
Comme l'explique Le Parisien, le collègue a expliqué qu'il n'avait en réalité que le bras dans la Mercedes et que Nahel avait bien, après 10 à 15 secondes, coupé le contact du véhicule. "L'ado aurait toutefois ensuite replacé sa main sur le volant puis activé le levier de vitesse de sa voiture", explique ensuite le quotidien. Et de poursuivre : "Le collègue de Florian M. avait alors, lui aussi, craint de se retrouver écrasé contre le mur. En revanche, il ne se prononce pas sur la légalité du tir de son collègue, ne l'ayant pas vu agir puisque son attention était concentrée sur Nahel."
Autre déclaration importante, le policier à l'origine du tir affirme ne jamais avoir prononcé la phrase "tu vas prendre une balle dans la tête". Ce qui contredit la première exploitation de cette vidéo réalisée par les enquêteurs de l'IGPN. Sur cette bande, on un échange entre trois voix et entendu et notamment les propos "Coupe, Coupe" et non "Shoote" comme l'ont entendu certains. Une autre voix, peut-être celle du collègue, aurait en revanche bien dit "Tu vas prendre une balle dans la tête". Une autre expertise est en cours.
Le policier a fait appel de son placement en détention provisoire et l'audience à la chambre de l'instruction se tiendra ce jeudi à Versailles (Yvelines).