Entre colère et profonde tristesse, Mylène Demongeot, 81 ans, s'est confiée au Parisien au sujet d'un terrible imbroglio qui dure depuis six ans. En effet, la comédienne a perdu toutes ses économies (2 millions d'euros) par la faute d'un ex-employé de banque indélicat et incompétent.
Icône des années 60, star des Fantomas qui joue avec Jean Piat aujourd'hui au théâtre Love Letters (actuellement à la Comédie des Champs-Élysées), Mylène Demongeot est rongée par son combat judiciaire contre la banque Neuflize OBC, dont un des chargés de gestion lui a escroqué près de 2 millions d'euros. Un cauchemar qui s'éternise à l'en croire. "Je suis folle de rage. J'en veux plus à la banque qu'à son employé qui m'a escroquée, a confié l'actrice, lasse. Certes, j'étais comme tout acteur, un peu naïve. J'ai fait confiance à ce gestionnaire de comptes, un garçon en apparence charmant qui me suivait depuis des années. Un jour, il m'a annoncé qu'il quittait la Neuflize OBC pour une autre banque. En fait, il était viré, mais ça, la banque a oublié de me le dire."
En effet, après son licenciement, le dénommé Frédéric Levesque monte, avec les économies de l'actrice, de fausses sociétés dont le business se résume à prêter de l'argent à d'autres vedettes du show business, moyennant de beaux intérêts à la clé. En juin 2012, Mylène Demongeot, qui s'est constituée partie civile, se jette dans ce qui est devenu aujourd'hui un marathon judiciaire sans fin. En effet, si l'escroc a été mis en examen pour abus de confiance et escroquerie, l'argent de la comédienne, qui a un rôle récurrent dans Camping I, 2 et 3 a été subtilisé par la brigade financière et ne lui a toujours pas été rendu, en dépit de multiples tentatives. Pourtant cet argent a été récupéré sur les différents comptes ouverts par Frédéric Levesque. Mais, bloqué par un appel de Neuflize OBC et par une décision de la cour d'appel, Mylène Demongeot a pourtant porté plainte contre son ancienne banque pour complicité d'escroquerie et elle entend bien récupérer son dû. "Mon affaire, c'est l'histoire du pot de terre contre le pot de fer, poursuit-elle. Contre une banque, vous n'êtes rien, vous ne pouvez rien, même quand vous êtes une actrice connue. Le comble, c'est que Neuflize OBC vient d'être récompensée du prix du grand mécénat pour son engagement auprès de la Cinémathèque française. On croit rêver."
Aussi ulcérée que profondément attristée, Mylène Demongeot dit être "prise dans un imbroglio judiciaire". "Récupérer mes sous devait censément être une formalité, argue-t-elle. C'est en tout cas ce que m'avait dit l'enquêtrice de la brigade financière qui m'a auditionnée. La policière m'a dit que je perdrais quelques plumes dans l'histoire, mais que je récupérerais la plus grande partie de la somme. Or, six ans plus tard, je n'ai toujours rien. La justice est lente, lente, et je n'ai plus 20 ans."
Cet argent, qui provient de la vente de sa maison à Porquerolles – soit "un bas de laine que j'avais mis de côté pour pouvoir vivre tranquillement ma vieillesse" nous dit l'actrice – avait été ensuite prêté à son insu à des stars telles qu'Isabelle Adjani. Et d'ajouter : "Et puis, j'ai aujourd'hui 81 ans, j'ai quand même le droit d'arrêter de travailler, comme tout le monde, si j'en ai envie."
Je rame, et me prive de tout. Je n'ose même pas m'acheter un pantalon. Ce qui m'attriste le plus, c'est que je ne peux rien offrir à ma petite-fille
Bouleversée, Mylène Demongeot se confie sans fard sur son rapport à l'argent et évoque son mari décédé. "L'argent n'a jamais été le moteur de mon existence, seulement un outil. Avec Marc, mon mari [le producteur Marc Simenon, décédé en 1999, NDLR], on s'était dit que cette maison, c'était notre capital vieillesse, raconte-t-elle. À sa mort, je me suis retrouvée toute seule, et je l'ai vendue. J'ai donné aux enfants leur part. Et j'espérais pouvoir vivre confortablement jusqu'à la fin de mes jours auprès des gens, des animaux qui m'entourent et que j'aime. Résultat, je me retrouve le bec dans l'eau. Je rame, et me prive de tout. Je n'ose même pas m'acheter un pantalon. Ce qui m'attriste le plus, c'est que je ne peux rien offrir à ma petite-fille. Tout l'argent que je gagne avec le rôle de Melissa sert à payer les frais de la maison et la nourriture pour tous mes animaux."
"Si je ne jouais pas tous les soirs à la Comédie des Champs-Élysées, je ne sais pas ce que je deviendrais. Je me coucherais dans mon lit et j'attendrais la mort", lâche la comédienne qui, battante, vient de déposer, via son avocate Florence Rault, une nouvelle demande de restitution de son argent.