

La planète Mode est en mouvement perpétuel, et quand il ne s'agit pas de la nomination d'un créateur à la direction artistique d'une prestigieuse marque, c'est une prestigieuse marque qui porte plainte contre son ex-directeur artistique ! En effet, Nicolas Ghesquière pourrait être poursuivi par Kering, le groupe propriétaire de Balenciaga où il a officié. La cause ? Une interview un peu trop sincère concernant son bilan à propos de la griffe...
C'est le magazine Challenges qui annonce la nouvelle. Kering, anciennement connu sous le nom de PPR (Pinault-Printemps-Redoute) et présidé par François-Henri Pinault, compterait attaquer Nicolas Ghesquière pour non-respect du droit de réserve. Une interview du jeune créateur et styliste accordée en avril au magazine System est à l'origine de cette plainte.
Muré dans le silence après l'annonce de son départ de Balenciaga, Nicolas Ghesquière s'est confié à System sur le manque d'organisation de la marque et son sentiment d'incompréhension au sein de l'entreprise : "C'est moi qui ai inventé le concept de devenir commercial chez Balenciaga. Dès le départ, j'ai voulu être commercial, (...) mais la maison n'avait pas la notion de commerce. Il n'y avait pas d'équipe de production, il n'y avait rien... Pour moi, Balenciaga possède une histoire aussi importante que Chanel, même si le nom est moins connu. Je l'ai toujours positionnée comme une petite Chanel ou une petite Prada. (...) Miuccia Prada [fondatrice des marques Prada et Miu Miu, NDLR] a un partenaire extraordinaire, alors que moi, je me débrouillais tout seul." Citant la maison italienne Prada comme référence, Nicolas Ghesquière a déploré dans cet entretien la solitude qui a fini par le ronger.
"Personne ne m'aidait pour le côté business... Il n'y avait aucune direction. Je pense qu'avec Karl [Lagerfeld NDLR] et Miuccia [Prada NDLR], vous sentez que les créatifs ont le pouvoir. C'est là que j'entendais certains dire 'ton style est très Balenciaga maintenant, il n'y a plus de Nicolas Ghesquière, c'est le style Balenciaga.' Tout a été déshumanisé. (...) J'ai commencé à me sentir vidé, comme si on voulait me voler mon identité. (...) Sur les deux-trois dernières années, c'était une frustration après l'autre. Au final, c'est le manque de culture qui me dérangeait le plus. (...) J'ai commencé à être malheureux quand j'ai réalisé qu'on ne portait aucune estime, intérêt ou reconnaissance aux recherches que je faisais..."
Remplacé par le jeune et talentueux Alexander Wang qui a déjà signé deux collections femme (automne-hiver 2013 et croisière 2014) et réalisé une campagne publicitaire depuis son arrivée, Nicolas Ghesquière tourne la page. Des rumeurs insistantes sur la création de sa marque éponyme et une possible arrivée chez Louis Vuitton en lieu et place de Marc Jacobs sèment le doute sur son avenir.
I.N.