A l'issue de la diffusion du numéro d'Envoyé spécial sur France 2 ce 25 novembre 2021, consacré aux accusations d'agressions sexuelles par plusieurs femmes contre Nicolas Hulot, la présentatrice Elise Lucet a annoncé qu'une personnalité de la télévision avait transmis une lettre ouverte : Maureen Dor. L'animatrice et comédienne belge de 51 ans affirme avoir elle aussi été victime de la star de TF1 et de l'écologie, en 1989. Les faits - il lui aurait "sauté dessus" et aurait "tenté de l'embrasser" - sont prescrits mais elle a choisi de les dévoiler dans un témoignage publié dans son intégralité, sans commentaire, sur le site de Francetvinfo.fr. En 2017 et après le scandale Harvey Weinstein, elle avait déjà dit avoir été agressée, sans révéler le nom de l'homme, mais ce qu'elle avait confié à Télé Star correspond à ce dont elle est aujourd'hui en train de parler en détails.
L'agression que relate Maureen Dor se déroule à Bruxelles, alors qu'elle a l'aube de sa majorité, est au lycée et vient de commencer à la télévision belge. Admiratrice de l'homme après voir lu son livre Les Chemins de traverse, elle écrit au présentateur d'Ushuaïa en lui laissant son numéro de téléphone pour lui proposer une rencontre, puisqu'elle était sa "collègue de télévision". Il lui répond quelques semaines plus tard car il est au Salon du Livre de la capitale belge et répond à sa demande : ils se rencontrent pour un verre au bar d'un bel hôtel de la ville, le Métropole. Quand il l'invite à le suivre dans sa chambre pour attendre les journalistes, elle le suit, "flattée" qu'il propose. Puis vient le moment où tout bascule.
Nicolas Hulot aurait "sauté" sur Maureen Dor et aurait tenté de l'embrasser, agrippant son visage. La jeune fille ne comprend pas, elle se dit vierge à l'époque et "pas particulièrement sexy" : "C'est important à dire parce qu'à l'époque je pense sincèrement qu'un homme peut me proposer de l'accompagner dans sa chambre sans avoir aucune arrière-pensée." Elle l'arrête en lui en clamant : "mais vous avez une femme !" Pour lui, il ne s'agit que d'une "parenthèse". L'appel de la réception pour annoncer que la presse aurait stoppé Nicolas Hulot.
Maureen Dor, maintenant une femme accomplie qui a de l'expérience, réalise que la suite des événements décrédibilise toute accusation, car elle est retournée le voir pour dîner avec lui et des amis : "j'ai tout de même voulu aller dîner avec lui, fascinée par le bonhomme. Voilà, c'est là où j'ai l'impression de ne pas avoir été claire avec moi-même." Peu après, elle lui laissera toutefois un courrier pour lui demander de ne pas faire cela aux jeunes filles qui l'admirent. Mais elle n'aura jamais de retour à ses mots.
Puis, elle racontera un autre "incident" au cours duquel, à 25 ans, elle a un rendez-vous soi-disant professionnel pour faire d'elle une égérie de cosmétiques. Avec le recul, elle explique ce flou dans ses pensées : "Lors de cette période de vie [18 à 25 ans], soit la jeune fille est trop naïve pour envisager qu'elle peut inspirer un désir d'ordre sexuel aux hommes, soit elle-même ressent un sentiment amoureux dont elle croit sincèrement à la réciproque de la part de l'homme qu'elle côtoie."
Sa lettre est une véritable réflexion, dénuée de toute agressivité malgré l'importance du récit et le traumatisme manifeste puisqu'elle s'en souvient aussi bien trente ans plus tard. Elle a décidé de parler car elle n'est pas la seule "victime" de Nicolas Hulot. Elle sait qu'en témoignant à visage découvert, elle va recevoir une montagne de remarques et de critiques notamment à travers les réseaux sociaux, mais elle a décidé de soutenir la nouvelle génération, celle du #metoo, pour que les choses changent, même si cela doit se passer par des "moyens peu agréables". Elle se désole pour la fille de Nicolas Hulot qui va être heurtée par ce qu'elle lit et va lire dans les jours à venir sur son père, mais il y a toutes les autres.
Elle-même est parent. Maureen Dor est maman de Gaspard (20 ans) et Léonard (18 ans), fruit de ses amours avec le musicien Jérôme Dédina. Elle connaît donc cette nouvelle génération de jeunes gens et oeuvre à ce que toutes les paroles se libèrent.
Nicolas Hulot reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés.